Pour aller plus loin

Jacques a dit
L'auteur se présente comme « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. » (Jc 1.1). Qui est-ce ?

Quatre Jacques sont nommés dans le Nouveau Testament. Le frère de Jean, un des douze, est mort trop tôt. On ne sait quasiment rien de deux autres. Il s'agit donc probablement du « frère du Seigneur » (Ga 1.19, Mt 13.55), fils de Joseph et Marie (donc demi-frère, en fait), un des leader principaux de l'Église à Jérusalem (Ac 12.17, 15.13, 21.18). C'est le seul qui pouvait se présenter en disant simplement « Jacques » puisque tout le monde sait qui il est.

Il faut savoir que pour une partie des commentateurs critique, l’épître est un « pseudépigraphe » (une forgerie, quelqu'un qui se fait passer pour un autre) du 2e ou même 3e siècle ! Les raisons avancées sont (très) discutables, aussi est-il tout à fait légitime de continuer d'affirmer que l'auteur de l’épître est bien Jacques, le frère de Jésus.

Date de rédaction

La situation décrite collerait bien avec l’extension du christianisme en dehors des murs de Jérusalem après le martyre d'Étienne (Ac 8.1 ; 11.19) : plein de difficultés et persécutions, famines (Ac 11.28), période troublée politiquement.

Ce serait alors l'écrit abouti le plus ancien du Nouveau Testament, quand le christianisme était encore juif. On ne peut pas en être certain, mais ça colle bien.

Un Jésus qui semble absent
Phénomène étrange : le nom de Jésus n'est mentionné qu'en 1.1 et 2.1, et il n'y a aucun débat christologique. Au point qu'au XIXe s., on pensait qu'il s'agissait d'un écrit juif ayant été christianisé ! (Cette idée est complètement abandonnée aujourd'hui.) L'absence de débats christologiques colle avec la situation : le christianisme est naissant, les problèmes sont plus pratiques que doctrinaux.

Cela dit, la lettre est pétrie de l'enseignement du Christ. Comparez par exemple 5.12 et Mt 5.34 ; 5.9 et Mt 7.1 ; 1.5 et Mt 7.7 ; 2.5 et Mt 5.3. L’Épître est une reprise méditée des paroles de Jésus — il y a plus de 45 allusions en tout ! Cette insistance sur les paroles de Jésus appliquées à des situations nouvelles montre que c'est bien le Christ qui dirige son Église par sa parole.

Pour les hellénistes
La qualité littéraire de l’épître est l'une des meilleures du Nouveau Testament. Alors, sortez vos Nouveau Testament en grec, et faîtes-vous plaisir ! Et, pour ceux qui n'ont pas reçu le don des langues et dont le grec est plus hésitant, sortez vos dictionnaires, accrochez-vous, et regardez comme un sujet de joie complète cette épreuve, sachant qu'elle produit la patience et la persévérance (Jc 1.2-4) !