Prédication: Connaître le Dieu Trine

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Textes:

  • Ephésiens 1, 3–14
  • 1 Jean 1, 1–14

Plan:

  • Introduction
  • Qui est le Dieu qui nous sauve?
  • Quelques pas de danse: 
    • Connaître Dieu dans la prière
    • Connaître Dieu dans la communauté
    • Connaître Dieu dans la mission
  • Conclusion

Introduction

J’étais un peu découragé, ces jours. Découragé suite à ces débats d’Églises, l’impression de perdre tellement de temps et d’énergie alors qu’il y aurait tellement plus à faire. Découragé, justement, à cause de tout ce qu’il y a à faire: le champs sont mûrs pour la moisson, et il y a peu d’ouvriers. Découragé parce que je suis plein de faiblesse et pas à la hauteur…

Il y a différentes choses qui m’ont fait du bien cette semaine, et la principale, ça a été de me souvenir un peu plus particulièrement qui est Dieu, qui il est pour moi. Et ça m’a fait un bien fou.

Dans le premier texte qu’on a entendu, on a un magnifique aperçu de ce qu’est le salut. Il y a pas mal d’acteurs. Par ordre d’apparition: Dieu le Père, Jésus-Christ, nous, vous et le Saint-Esprit. Mais surtout il se passe beaucoup d’actions. Si on ne regarde que les verbes, on a: bénir, élire, prédestiner, adopter, célébrer, racheter, répandre, faire connaître, réunir, accomplir, entendre, croire, sceller, acquérir. Tout ça en 12 versets, et même mieux: en une seule phrase (dans le grec) !

Et ce qui est intéressant, toutes les actions actives sont accomplies par ces trois personnes: le Père, le Fils, le Saint Esprit. Notre participation: écouter et faire confiance. Et ça fait du bien: notre salut repose sur l’œuvre de Dieu. C’est la conviction fondamentale de la Réforme: tout ce que nous avons, nous le devons à la grâce seule de Dieu. Et ça, c’est extrêmement rassurant.

Bien sûr, la grâce n’est pas une tolérance-molle qui nous laisse inchangés, mais une puissance: Dieu se saisit de nous, et nous transforme. Il met en lumière des parts d’ombre en nous, il nous met en mouvement, nous fait sortir de nos zones de confort. Tout le reste de l’épître aux Éphésiens montre ces implications concrètes pour notre vie. Mais c’est l’œuvre de Dieu avant tout. Nous devons d’abord nous reposer sur ce que Dieu fait, avant d’œuvrer pour lui. Et ça vaut la peine, parfois, de souffler un peu, de se reposer pour regarder Dieu agir.

Alors soufflons un peu. Voir comment on est sauvé — par pure grâce — est une excellente nouvelle, rassurante et reposante. Mais il y a mieux, beaucoup mieux : en vue de quoi, ou plutôt en vue de qui, on est sauvé.

  1. Alors regardons plus en détail qui est ce Dieu qui nous bénit de la sorte.
  2. Et finalement je proposerai trois applications.

Qui est le Dieu qui nous sauve ?

Notre participation, jusque là, est nulle. Qui est à l’œuvre alors, quels sont les autres acteurs dans ce texte? Le Père, le Fils, et l’Esprit. La merveilleuse doctrine de la Trinité ne jaillit pas de spéculations fumeuses de théologiens qui s’ennuient, mais du peuple de Dieu reconnaissant d’être sauvé qui se retourne et regarde qui l’a sauvé, et comment. La nature de notre salut, dépend directement de qui Dieu est.

Paul1 a reçu une révélation incroyable de la nature de Dieu, et il prie, dans les versets suivant, pour que les yeux des Éphésiens s’ouvrent d’avantage et qu’ils apprennent à connaître ce Dieu. Pour que nous comprenions quelle est notre espérance, ce vers quoi on va, les raisons qu’on a d’avoir confiance. C’est pas des spéculations oisives, mais le fondement même de notre vie, de notre espérance, de notre joie !

Voici donc comment toute l’œuvre de Dieu, tout le salut qui nous est offert, est résumé. Tout commence avec Dieu le Père, qui dans son amour, sa grâce, sa bienveillance, a planifié avant la fondation du monde de nous racheter, de nous adopter, de nous donner son Esprit.

  • Si je faisais une rétrospective de ma vie chrétienne, je commencerai peut-être avec l’été 2005, qui a été décisif pour moi. Ou alors je remonterai dans le temps, et parlerai de mon baptême. Ou alors je remonterai un peu, et parlerai de ce que mes parents m’ont transmis, et ce que Dieu préparait dans ma vie. Mais tout ça sont des points vacillants, alors je remonterai encore dans le temps, et je dirait ultimement que ma vie se rattache à la mort et la résurrection de Jésus, voilà un ancrage historique objectif et solide, bien plus important que la naissance de ma foi vacillante, auquel je peux me raccrocher sans cesse.

Mais le texte remonte ici encore plus loin, « avant la fondation du monde ». Dieu le Père a un plan, d’éternité en éternité, et il l’accomplit d’une main sûre, lui qui règne sur l’histoire. Et toute la suite, l’œuvre de Jésus (sa vie, sa mort, sa résurrection, son ascension, son retour en gloire), et l’œuvre de l’Esprit dans nos vies (notre foi, notre repentance, notre sanctification); tout cela est l’accomplissement du plan parfait de Dieu.

Mais Dieu est plus qu’un planificateur, un architecte calculateur, il est Père.

  • Il est le Père dont l’amour et la bonté débordent sans cesse. Le Père qui de toute éternité engendre le Fils, parce que c’est ça dans sa nature de déborder au-delà de lui, comme une fontaine de Vie qui jaillit sans cesse.
  • Et de toute éternité, le Père et le Fils dans un Esprit d’amour, vivent une communion intense.
  • Et le Père crée un univers, pas parce qu’il se sent seul, ou qu’il a besoin d’être adoré, mais parce que ça lui fait plaisir.
  • Dieu le Père prend plaisir non à recevoir, mais à donner.
  • N’est-ce pas merveilleux d’avoir un tel Dieu ?

Tout ce plan bienveillant est accompli dans un point crucial, un lieu bien défini : « en Christ », qui revient 11× dans ce texte (et Jésus lui est mentionné pas moins de 15×)

  • En Christ, on est béni de toute bénédictions spirituelles, en Christ, on est élu, pardonné, racheté, adopté, mis à part, scellé du Saint-Esprit.
  • Tout ce que nous avons, nous l’avons en Jésus-Christ. En dehors de lui, rien.
  • Mais alors, que signifie « en Christ »? Tout ce que Dieu nous donne comme bénédiction, Jésus l’a acquis pour nous, en lui, dans son corps. « Par son sang, nous avons le pardon des péchés. » Ça nous dit quelque chose de l’amour de Dieu pour nous: ce n’est pas simplement qu’il nous aime comme ça, mais le Père aime le Fils intensément, et nous qui sommes dans le Fils, le Père nous aime exactement de la même manière. Si tu te dis que tu ne mérites pas l’amour de Dieu, que tu n’a pas assez de valeur, sache que Dieu le Père t’aime du même amour qu’il aime son Fils.

Dans ce texte, on voit le Père, et le Fils. Mais « Christ » de Jésus-Christ n’est pas un nom de famille.

  • Le Christ signifie, le messie, « celui qui est oint ». Et Jésus n’est pas oint d’huile, mais revêtu de l’Esprit.
  • Jésus-Christ, c’est Dieu le Fils, qui vient dans la puissance de Dieu l’Esprit.
  • C’est la Parole de Dieu, portée par le Souffle de Dieu.

À cette lumière, on voit ce qu’est le salut: Jésus qui nous donne par l’Esprit tout ce qu’il a reçu du Père.

  • Le Fils est aimé du Père, et il nous aime du même amour.
  • Comme signe d’amour, le Père donne son Esprit au Fils (souvenez-vous le baptême de Jésus: l’Esprit descend et une voix proclame: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé »). De même Jésus nous envoie son Esprit, qui « déverse en nous l’amour du Père » (Rm 5.5)
  • De toute éternité, le Fils jouit d’une relation d’Amour au Père, dans la dynamique de l’Esprit. De même, en Christ nous sommes adoptés et scellés du Saint-Esprit, pour jouir de l’amour du Père pour l’éternité.

Nous sommes, dans un sens très concret, absorbés dans la dynamique même de la Trinité, pour notre joie à tous.

Être sauvé, ce n’est pas passer d’un bidon rouge — le bidon des pêcheurs — à un bidon vert — le bidon des justes. C’est rentrer dans cette dynamique universelle et éternelle, dans cette danse du Père et du Fils dans l’Esprit.

Alors apprenons à danser !

Quelques pas de danse

Je vous propose quelques pas de danse. Quelques applications, ça veut dire quelques liens entre cette révélation de Dieu, et notre vie. Si on arrive pas à faire le lien à la vie, la doctrine ne sert à rien.

Comme je vous l’ai dit, j’ai été un peu démotivés ces temps, et méditer sur la Trinité m’a réjouit, énormément. Quel Dieu incroyable, incomparable nous avons. Qui, sur la terre est dans le ciel, est semblable à un tel Dieu ?

Comment peut-on rentrer plus dans cette dynamique? Je vous propose trois pistes, non exclusives, non exhaustives:

  1. la prière
  2. la communion fraternelle
  3. la mission

Connaître Dieu dans la prière

Tout d’abord, la prière. Une fois, un pasteur invité à prêché dans une Église, et il a commencé en priant « Père, souffle sur moi. Jésus, aide moi à prêcher. Saint-Esprit, donne moi de la force. » À la fin du culte, un jeune pasteur est allé le voir en disant: « c’est faux, il faut prier le Père, au nom du Fils, dans l’Esprit. » Et le pasteur expérimenté lui a répondu: « Fiston, je suis dans la famille depuis assez longtemps, je les connais les trois personnellement. »

Imaginez qu’un dimanche en sortant du culte, vous alliez vers Jérémie Bader et vous lui disiez: « Super, merci pour ta prédication ! » Il vous répondra: « c’est gentil, merci, mais je crois que vous voulez parler au père, pas au fils. » C’est que, même si Pierre et Jérémie s’entendent très bien, peut-être même qu’à table Jérémie est assis à la droite du Pierre; ils ont chacun leur personnalité propre, ils nous apportent chacun des choses différentes, et méritent d’être connus pour qui ils sont.

Et je crois que c’est là l’enjeu de la prière: connaître Dieu pas comme un machin flou et confus (comme c’est trop souvent le cas dans ma tête), mais connaître personnellement le Père, le Fils, l’Esprit. Comprendre leur spécificité et s’adresser à eux avec plus d’intelligence, en fonction de qui ils sont, et ce qu’ils font spécifiquement pour nous, avec nous, en nous.

Apprenons donc à mieux connaître notre Dieu comme cette merveilleuse Trinité. C’est, du moins, un exercice dans lequel je veux me lancer.

Connaître Dieu dans la communauté

Une des conséquence très concrète de ce passage, c’est que si moi je jouis de cette communion avec le Dieu Trine, et que toi aussi, alors toi et moi pouvons vivre cette même communion. Si quelque chose nous sépare, cette chose est moins forte que l’amour du Père pour le Fils dans la puissance de l’Esprit. C’est pour ça que juste après, Paul parle des tensions entre juifs et grecs pour montrer qu’il n’y a plus de murs qui les sépare, ils peuvent être en communion.

  • La Cène est le lieu où on le concrétise, en buvant à la même source autour d’une même table, on montre qu’on ne forme qu’un seul Corps.
  • Et l’Église — la paroisse pour nous — est le lieu où on vit cette communion les uns avec les autres. La Trinité est une communion intense entre le Père, le Fils et l’Esprit, source de joie. Et on est appelé à une communion de même intensité, source de la même joie. C’est le deuxième passage qu’on a entendu: nous vous annonçons Jésus pour que vous soyez en communion avec nous, or notre communion est avec le Père, et avec Jésus-Christ. Et il continue: « Ceci, nous l’écrivons, afin que notre joie soit complète. » (1 Jn 1, 4) Rentrer ensemble dans la dynamique éternelle de Dieu est source d’une grande joie. Ma joie n’est pas complète si je ne peux pas vivre pleinement cette communion.

Mais pour ça, le dimanche n’est pas suffisant: on se voit un peu avant le culte, on loue et prie ensemble, et on se voit un moment après. Mais il y a trop de monde, pas assez de temps, pour que ce soit un moment où l’on puisse partager et communier en profondeur.

  • Un autre lieu où tout le monde peut vivre cela, c’est les groupes de maison: quelques personnes qui se rencontrent régulièrement pour prier, lire la Bible, partager, porter les fardeaux, s’encourager.
  • On a eu la visite cette semaine d’un pasteur hollandais, et ça a été une des autres choses qui m’ont beaucoup encouragées cette semaine. Il nous a parlé d’un mouvement de renouveau au sein de l’Église Réformée, où en quelques années des centaines de groupes de maison ont été crées. Et ça suscite un renouveau spirituel profond dans l’Église
  • Les groupes de maison sont un lieu de croissance privilégiée, car on pénètre de manière très concrète dans la dynamique de la Trinité.

Dans la paroisse aussi, nous avons une vingtaine de groupes.

  • Catherine vient de faire un grand effort pour les recenser, et vous pourrez bientôt voir devant l’Église une carte de la région avec les différents groupes qui sont rattachés à la paroisse (aussi sur le site de la paroisse).
  • Nous vous encourageons très fortement à rentrer dans cette dynamique, rejoindre un groupe ou — pourquoi pas? — en créer un. 
    • Si l’expérience vous tente, consultez la carte (aussi sur le site de la paroisse), ou parlez-en à Catherine, Pierre ou moi-même.
    • Nous allons commencer en janvier un parcours du livre des Actes, en Église, pendant 4 mois. Pourquoi pas tenter l’expérience: rejoindre ou créer un groupe, juste pour le temps du parcours.
    • Sur une note personnelle, on a commencé un tel groupe à quelques uns depuis 2–3 mois, et c’est génial. C’est une énorme bénédiction, et c’est aussi un énorme plaisir !

Connaître Dieu dans la mission

J’ai parlé de connaître le Dieu Trine dans la prière et dans la communion fraternelle. J’aimerai juste dire deux mots de le connaître aussi dans la Mission.

Le premier missionnaire, c’est Dieu. Jésus est envoyé par le Père. Et mission veut dire « envoyé ». Et Jésus nous dit: « comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoi. » La mission prend son origine dans le plan éternel de Dieu le Père, qui envoie le Fils, qui envoie l’Église. Et comme le Fils vient dans la puissance de l’Esprit, il nous donne cet Esprit pour être envoyé dans sa puissance. Le Saint-Esprit est un Esprit missionnaire, qui met à part et envoie, qui veut faire déborder à travers chacun de nous les bénédictions du Père qui sont en Jésus-Christ. Connaître Dieu, c’est rentrer dans sa mission.

C’est particulièrement important alors que l’on va parcourir le livre des Actes l’année prochaine. On le fait en se demande comment, en paroisse, on peut à notre niveau participer à la mission. C’est important de comprendre que la mission n’est pas un secteur de l’église parmi d’autres: il y a le culte, l’enfance, la formation d’adultes, etc. et puis aussi la mission. Comme si l’Église était une pizza, et la mission une des tranches.

Au 18e et 19e s., pendant les grands réveils qui ont fait jaillir un énorme élan missionnaire, on avait tendance à voir les choses comme ça. Chaque église avait sa vie cultuelle et communautaire au centre, et puis avait « sa mission », un projet en périphérie de la communauté, qui ne concernait pas tout monde. Et au 20e s. on a redécouvert que la mission est avant tout Missio Dei, « Mission de Dieu ». C’est Dieu, ce Dieu Trine qui est en mission, et qui utilise pour cela toute l’Église. Toutes les différentes activités d’églises sont différentes tranches d’une seule est même pizza, qui est la mission de Dieu.

Souvenons-nous donc que l’Église existe pour la mission. Tout ce qu’on fait doit être orienté par cette vision. Mais souvenons-nous aussi que c’est la mission de Dieu, c’est lui qui la porte et l’accomplit à travers nous.

C’est la troisième piste, le troisième pas de danse : en entrant dans la mission, pour déborder et servir en dehors de nous, on rentre dans la dynamique trinitaire de Dieu.

Conclusion

Le salut, donc, c’est le Dieu Trinitaire qui invite toute la création dans une communion d’amour avec lui.

Apprenons à connaître le Père, le Fils et l’Esprit de manière intime, personnelle.

Et que ce soit en famille, dans un groupe de maison, un autre groupe, le salut n’est pas un truc individuel. Recherchons toujours d’avantage cette dynamique, et cela à plusieurs, pour notre joie, et pour qu’elle déborde au-delà de nous, pour la gloire de Dieu.

Amen.

Prédication donnée le 2 décembre 2012

  1. J’ai effectivement dit que c’est Paul qui a écrit cette épître aux éphésiens. C’est un raccourci: je pense que Paul ne l’a pas adressée aux éphésiens. Si cette option choque l’un ou l’autre de mes lecteurs, je suis peut-être au moins autant au courant des différentes théories et arguments sur la paternité de cette épître. Et ce n’est pas le lieu d’en discuter, même si j’en parle volontiers par ailleurs.
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