La notion de pluralisme est souvent utilisée dans les discussions sur le vivre-ensemble, sans pour autant que l'on sache très bien de quoi l'on parle. Je distingue ici 4 types de pluralismes: factuel, méthodologique, perspectival et radical. Puis je développe leur rôle dans la missiologie de l'Église.
Thomas Römer, ce missionnaire occidental zélé
Disclaimer: Je dois l’avouer, j’ai pour Thomas Römer une profonde admiration: il est à la fois un excellent chercheur, un excellent professeur et un excellent vulgarisateur. Chercheur, tout le monde le sait: certains de ses écrits sont des incontournables partout dans le monde, il fait avancer la recherche et en conséquence occupe des positions prestigieuses. Excellent professeur, moins de monde le savent. Il s’agit probablement d’un des meilleur prof que j’ai eu: ses cours étaient clairs, intelligibles et stimulants. Le plus marquant, c’est sa passion communicative. Pour Römer, la Bible est une énorme énigme historique qu’il s’agit de résoudre, un défi passionnant — presque un jeu. Finalement, les nombreux livres grands publics et conférences de Römer témoignent de ses excellentes…
10 distorsions cognitives qui nous pourrissent la vie
Pour la petite histoire, j’ai commencé à lire durant mon service civil sur la thérapie cognitive (TC) dans le cadre de la prévention et du traitement de la cyberaddiction. Après m’être familiarisé un tant soit peu avec l’approche (autant que possible en quelques heures), j’ai été rapidement supris par: La facilité d’application: j’ai immédiatement pu appliquer certaines notions à: moi; des proches; des gens que j’accompagne durant mon service civil. L’efficacité de l’approche: à titre d’exemple, j’ai décidé d’essayer de mettre la méthode en pratique en particulier avec un jeune ici qui se plaint constamment de tous ses problèmes. Le dernier en date: une invasion de un cafard dans son appartement. Après une heure de discussion, et le temps qu’il mette en place 2–3 démarches sur lesquelles…
La marque du chrétien: l’émerveillement
Ce qui suit est une traduction relativement libre d’une portion d’un excellent sermon de Tim Keller, « Beholding the Love of God », sur ce que cela signifie de connaître Dieu. Voyez quel amour le Père nous a témoigné pour que nous soyons appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes! (1 Jean 3, 1) L’expression utilisée pour dire « quel amour » est un idiome. Littéralement, le texte dit: « voyez de quel pays vient cet amour ». On pourrait traduire par: « de quelle planète? combien démesuré? combien extraordinaire? » On voit là la différence entre un chrétien et une personne religieuse. Un chrétien est quelqu’un qui dit: « c’est absolument incroyable que Dieu m’aime! » Le chrétien voit tout ce qui lui arrive comme un don. En…
Des sociologues tentés par la vérité absolue
Introduction Philippe Gonzalez, maître assistant en sociologie à l’Unil et membre d’une communauté mennonite, nous offre en ce début d’année un ouvrage remarquable sur le mouvement évangélique en suisse romande, d’un point de vue sociologique: Que ton règne vienne, des évangéliques tentés par le pouvoir absolu. À travers cette enquête, Philippe Gonzalez documente de manière fouillée la manière dont les évangéliques d’une certaine mouture charismatique cherchent à s’emparer de l’espace publique. Il décortique en particulier l’influence d’une théologie du dominion, véhiculée par certaines rencontres, chants ou organismes para-ecclésiaux, et l’absence de régulation par une reprise théologique critique dans les milieux évangéliques. Plus profondément, l’enquête expose un état de fait qui…
Miracles: la crédibilité des récits du Nouveau Testament
Je m’intéresse aux miracles. Pour plusieurs raisons. Une des raisons, c’est que j’entends de plus en plus de témoignages de guérisons miraculeuses. Face à ces témoignages, j’observe l’une ou l’autre des attitudes suivantes: La personne ne croît pas aux miracles, et donc rejette le témoignage sans autre. La personne croît aux miracles, et accepte le témoignage sans autres. Ces deux attitudes sont naïves et dangereuses. Dans la première catégorie, on trouve par exemple les athées et les théologiens « critiques » (et ceux sous leur influence) — au nom du « respect de l’intégrité de la science » —, ou les chrétiens cessationnistes. Il y a ici le risque de limiter Dieu, de se fermer à sa présence et son action. Dans la deuxième catégorie, on trouve principalement les…
« L’axiome de Semler »
L’axiome de Semler est à la base de toute approche moderne et critique des textes bibliques. Jean Zumstein en fait le premier de sept principes du travail historico-critique: « Le texte biblique perd son statut de texte sacré. Il est comparable à tout autre texte de la littérature mondiale et doit donc être lu selon les méthodes en usage dans les sciences littéraires et historiques (axiome de Semler). » L’axiome de Semler stipule donc que chaque texte biblique doit être considéré comme n’importe quel autre texte historique: il est avant tout un produit et témoin de son temps, adressé à des lecteurs de son temps. Tout texte doit donc être analysé en tant que tel par tout chercheur un tant soit peu rigoureux et honnête intellectuellement, c’est la précondition d’un travail…
Dis-moi ce que tu vois et je te dirais ce que tu crois
La manière dont la science fonctionne en général peut nous sembler relativement évidente: Les scientifiques font des observations Sur la base de ces observations, des théories sont émises Des expériences permettent de vérifier les théories pour savoir celles qui sont vraies C’est ainsi que Lord Bertrand Russel présente la méthode scientifique: In arriving at a scientific law there are three main stages : the first consists of observing the significant facts, the second in arriving at a hypothesis which if it is true would account for those facts, the third in deducing from this hypothesis consequences which can be tested by observation. De nombreuses questions par rapport à cette description de la science ont été soulevées par Polanyi et d’autres philosophes des sciences. Un des points…
Vers une théologie symphonique
J’allai écrire un article avec un titre qui aurait flotté aux environs de: « Que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur: fondement d’une théologie pluraliste ». L’argument aurait été à peu près le suivant: La Bible nous présente une vision de Dieu adoré en Jésus-Christ par un peuple multi-ethnique, qui célèbre ses louanges chacun dans sa langue, sous l’inspiration du Saint-Esprit. Or les langues ne sont pas transparentes, elles ne décrivent pas la réalité de manière neutre, mais présentent chacune des concepts différents, portés par les subtilités grammaticales et autres. Donc dire les louanges de Dieu d’une langue à l’autre n’est pas seulement un acte de traduction, mais d’interprétation. C’est à chaque langue et culture de chercher avec l’aide du Saint-Esprit à…
La résurrection et la foi de l’historien
Je me suis réveillé ce matin en lisant le Bonne Nouvelle du mois de Mars, et je suis tombé sur cette explication intéressante des « fondements historiques de la résurrection », d’Andreas Dettwiler. Ce qui suit est une réflexion libre suscitée par ce texte. Dans ces deux colonnes, M. Dettwiler affirme que la résurrection ne peut pas être prouvée à l’aide de l’investigation historique. Jusque là, rien de surprenant. Rien de surprenant non plus dans les différentes manières de parler d’une part de la mort, de l’autre part de la résurrection. La mort est historique, impossible à mettre en doute, « indiscutable ». La résurrection, par contre, n’est pas un événement historique mais une « expérience religieuse » qui est interprétée par les premier chrétiens…