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Thomas Römer, ce missionnaire occidental zélé

Disclaimer: Je dois l’avouer, j’ai pour Thomas Römer une profonde admiration: il est à la fois un excellent chercheur, un excellent professeur et un excellent vulgarisateur. Chercheur, tout le monde le sait: certains de ses écrits sont des incontournables partout dans le monde, il fait avancer la recherche et en conséquence occupe des positions prestigieuses. Excellent professeur, moins de monde le savent. Il s’agit probablement d’un des meilleur prof que j’ai eu: ses cours étaient clairs, intelligibles et stimulants. Le plus marquant, c’est sa passion communicative. Pour Römer, la Bible est une énorme énigme historique qu’il s’agit de résoudre, un défi passionnant — presque un jeu. Finalement, les nombreux livres grands publics et conférences de Römer témoignent de ses excellentes…

Des sociologues tentés par la vérité absolue

Introduction Philippe Gonzalez, maître assistant en sociologie à l’Unil et membre d’une communauté mennonite, nous offre en ce début d’année un ouvrage remarquable sur le mouvement évangélique en suisse romande, d’un point de vue sociologique: Que ton règne vienne, des évangéliques tentés par le pouvoir absolu. À travers cette enquête, Philippe Gonzalez documente de manière fouillée la manière dont les évangéliques d’une certaine mouture charismatique cherchent à s’emparer de l’espace publique. Il décortique en particulier l’influence d’une théologie du dominion, véhiculée par certaines rencontres, chants ou organismes para-ecclésiaux, et l’absence de régulation par une reprise théologique critique dans les milieux évangéliques. Plus profondément, l’enquête expose un état de fait qui…

Un scénario alternatif et contre-courant: 19 thèses de Walter Brueggemann

J’ai énormément apprécié découvrir Walter Brueggemann par la lecture de sa Theology of the Old Testament lors de mes études en Afrique du Sud. Brueggemann embrasse une approche de l’Ancien Testament ouvertement post-moderne, non-essentialiste, pluraliste et polytonique, en se concentrant uniquement sur le monde-du-texte et en l’acceptant tel quel — avec toute son étrangeté, son incohérence et son épaisseur. Particulièrement attentif aux jeux de pouvoir, il est très critique de tout discours hégémonique, et donc des lectures purement historico-critiques — c’est probablement pour cette raison que j’ai eu tant de plaisir à le lire. Ce qui suit est une traduction de A Script to Live (and to Die) By: 19 Theses by Walter Brueggemann posté en 2010 par Jason Goroncy sur son blog…

« L’axiome de Semler »

L’axiome de Semler est à la base de toute approche moderne et critique des textes bibliques. Jean Zumstein en fait le premier de sept principes du travail historico-critique: « Le texte biblique perd son statut de texte sacré. Il est comparable à tout autre texte de la littérature mondiale et doit donc être lu selon les méthodes en usage dans les sciences littéraires et historiques (axiome de Semler). »  L’axiome de Semler stipule donc que chaque texte biblique doit être considéré comme n’importe quel autre texte historique: il est avant tout un produit et témoin de son temps, adressé à des lecteurs de son temps. Tout texte doit donc être analysé en tant que tel par tout chercheur un tant soit peu rigoureux et honnête intellectuellement, c’est la précondition d’un travail…

La résurrection et la foi de l’historien

Je me suis réveillé ce matin en lisant le Bonne Nouvelle du mois de Mars, et je suis tombé sur cette explication intéressante des « fondements historiques de la résurrection », d’Andreas Dettwiler. Ce qui suit est une réflexion libre suscitée par ce texte. Dans ces deux colonnes, M. Dettwiler affirme que la résurrection ne peut pas être prouvée à l’aide de l’investigation historique. Jusque là, rien de surprenant. Rien de surprenant non plus dans les différentes manières de parler d’une part de la mort, de l’autre part de la résurrection. La mort est historique, impossible à mettre en doute, « indiscutable ». La résurrection, par contre, n’est pas un événement historique mais une « expérience religieuse » qui est interprétée par les premier chrétiens…

Le dogme critique resservi par l’EERV

L’EERV vient de publier sur son site une page Pour une lecture honnête de la Bible. Sans surprises, on y retrouve le dogme critique resservi de la même manière navrante, à nouveau… Ma réponse à chaud: Non, l’honnêteté intellectuelle n’implique pas nécessairement l’axiome de Semler ou la « critique » historique. L’honnêteté intellectuelle implique une réflexion de fond sur cet axiome et cette « critique », et pas une affirmation autoritaire et simpliste comme c’est le cas ici. Non, il ne faut pas rejeter les lectures dogmatiques et fondées dans des traditions, sans quoi il faudrait aussi rejeter la lecture « critique » qui est fondée dans une tradition, et comporte des « dogmes ». Aucun discours même scientifique ne peut éviter ce…

Newbigin sur la confiance adéquate du chrétien

Note: ce billet a été publié dans la revue Hokhma, n°101, 2013. Quelle peut être la confiance du chrétien face à sa foi? Est-ce qu’il y a une connaissance chrétienne? Et si oui, quel est le statut de cette connaissance face à d’autres savoirs, en particulier scientifiques? Quel interactions entre foi, doute et certitude dans la vie chrétienne? Voilà des questions bien importantes, auxquelles ont entend toutes sortes de réponses. La réponse généralement admise, que beaucoup de théologiens modernes admettent et diffusent, est que le « savoir » est a réserver aux disciplines scientifiques (dans un sens large, historiographie comprise). La foi, du domaine du personnel, de l’intime, se situe sur un autre registre, qui n’est pas celui de la connaissance. Dans l’ordre du savoir, c’est…

« La théologie critique est parfois intégriste »

J’ai surpris 2–3 personnes aujourd’hui en disant sur Twitter que « la théologie critique est parfois intégriste »: @NicolasFriedli @grand_o @_doudette @Authueil @lepetitchose @SebFath Mouais… je trouve que la théol. critique est parfois intégriste aussi. — Olivier Keshavjee (@olkesh) November 20, 2012 C’était suite à un éditorial de Raphaël Picon, « théologien sans être crétin », qui affirme que la théologie critique est la solution raisonnable aux intégrismes religieux. Ayant étudié dans 5 facultés de théologie réformées, dans 3 pays et sur 2 continents, j’ai entendu chacun insulter les autres en les traitant respectivement de « fondamentalistes » et de « libéraux », ce qui m’a poussé vers l’épistémologie pour essayer de mieux comprendre les…

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