Des textes du Seigneur des Anneaux pour accompagner la mort

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Récemment, un·e collègue m’a demandé des textes de Tolkien pour le service funèbre d’un·e jeune passionné de Tolkien et de la Terre du Milieu. Voici quelques suggestions que je lui ai faites. Deux de ces textes ont été utilisés dans la cérémonie d’adieu.

Avant de présenter ce choix de texte, il faut aborder une question importante: est-ce bien sérieux de lire de la fantasy dans une étape de vie aussi tragique qu’un deuil?

Illustration: la tombe d’Aragorn par themico sur deviantart. Les autres illustrations le long de l’article sont tirées de cartes de l’excellent jeu Le Seigneur des Anneaux: le jeu de cartes.

La fantasy aux portes de la mort

Pour certaines personnes, la fantasy n’est que rêverie, une fuite de la réalité, un divertissement pour enfants innocents ou pour ados privilégiés qui préfèrent vivre dans un monde imaginaire faits d’elfes et de trolls plutôt que d’affronter la « vraie vie » et ses défis. 

Si tel est ton cas, je suis prêt à parier que tu n’as jamais lu la fantasy du « Professeur ».

L’œuvre de Tolkien est fascinante, émouvante, puissante. Elle touche en profondeur, dans toutes les étapes de la vie, et à travers des situations très variées. Comme la Bible, et d’autres œuvres de littérature, elle peut être lue et relue et offrir chaque fois une fraîcheur nouvelle.

Mais est-ce un genre réservé aux enfants? Pour Tolkien1, les enfants savent mieux apprécier les « contes de fées » que les adultes, car ils arrivent plus naturellement à suspendre leur incrédulité. Mais si les adultes retrouvent la capacité de les lire non pas comme des « curiosités » à étudier, mais comme des histoires à part entière, ils pourraient profiter de ce que ce genre a à offrir: fantasy, recouvrement, évasion et consolation.

La valeur de la fantasy

La fantasy est une forme d’Art, qui parle de la réalité en s’émancipant des limites factuelles. Elle reconnaît que les choses du monde ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent, et que pour en parler, il faut parfois s’émanciper de la « soumission aux faits », à une description factuelle rigoureuse de la réalité. 

En ce sens, la fantasy n’est pas une fuite de la réalité, une démission de la raison. Au contraire, plus la raison est claire, et plus la connaissance de la réalité est fine, meilleure est la fantasy.

« Que la fantasy présente des images de choses qui ne sont pas du monde primaire (à supposer qu’une telle chose soit possible) est une vertue, non un vice. La fantasy (dans ce sens) est, je pense, une forme d’Art non pas inférieure mais supérieure. En fait, c’est la forme la plus pure, et donc (lorsqu’elle est réalisée) la plus puissante. »

Incidemment, pour Tolkien, la Fantasy est un « droit humain »:

« Nous créons à notre mesure et de manière dérivative, parce que nous sommes créés: et pas seulement créés, mais créés à l’image et à la ressemblance d’un Créateur. »

Les fonctions de la fantasy

Pour Tolkien toujours, la fantasy a trois fonctions importantes:

  • Recouvrement (Recovery): un changement de regard, qui lève le voile de la banalité pour retrouver le merveilleux dans le monde qui nous entoure.
  • Évasion (Escape): réaliser, par des indices semés notamment dans les contes de fées, que la Vérité est plus vraie que notre réel, qu’il y a une réalité plus réelle.
  • Consolation (Consolation): offerte par l’ « eucatastrophe » 2, une « catastrophe heureuse », un retournement imprévu qui fait apparaître la joie de la délivrance au milieu des larmes et de l’échec. « Elle nie (contre toute évidence) la défaite finale universelle et, dans cette mesure, elle est Évangile. »

Je vous invite à écouter cet épisode live du podcast humani-fantaisiste In Fabula Veritas qui évoquent les 2 premières fonctions.

Un passage en Terre du Milieu lors d’un service funèbre?

Ces trois fonctions, offertes par la fantasy, sont finalement très proches de ce qu’on essaie de faire dans un service funèbre, en tout cas en spiritualité chrétienne.

Si nous lisons des psaumes et d’autres textes de la Bible, c’est parce que l’Évangile (la grande histoire racontée à travers les centaines de petites histoires de la Bible) offre recouvrement, évasion et consolation:

  • Évasion: en révélant que ce que nous percevons de la réalité et de notre vérité historique s’inscrit dans une réalité plus réelle, dans une histoire plus vraie. Une histoire qui commence dans la Joie et se termine dans la Joie.
  • Recouvrement: cette inscription dans une histoire plus large nous pousse à changer de regard sur les événements de notre quotidien. Notamment lors d’un service funèbre, où nous regardons une vie dans un son ensemble. Une vie qui parfois peut paraître banale, ou gâchée, mais dans laquelle il est toujours possible de trouver des traces de merveilleux.
  • Consolation: finalement, la résurrection du Christ est l’eu-catastrophe par excellence, qui nous offre consolation, joie et espérance y compris au milieu du deuil, des larmes, de la tristesse et du désespoir.

Mais alors, est-ce que l’Évangile est un conte de fées parmi d’autres?

Pour Tolkien, c’est l’inverse qui est vrai: l’Évangile est un conte de fées, mais un conte de fées vrai3, qui est entré dans notre histoire — qui s’est réellement passé. En ce sens, l’Évangile est la substance de tous les contes de fées: il est le fondement, qui justifie leur pertinence existentielles. Et les contes de fées étoffent, actualisent, exemplifient, donnent de la substance à l’Évangile.

« Cette histoire est suprême ; et elle est vraie. L’Art a été vérifié. Dieu est le Seigneur, des anges, des hommes — et des elfes. La légende et l’histoire ont fusionné. »

Si cela est vrai, et je crois que ça l’est, alors l’utilisation de fantasy dans un service funèbre est parfaitement justifiée: pour celles et ceux qui ont été saisis par l’Évangile, il s’agit de pointeurs vers le fondement de l’évasion, du recouvrement et de la consolation qui se trouvent en Christ. Pour les autres, la fantasy peut offrir ces mêmes qualité sur la base des mérites propres des histoires choisies — même si le fondement dans l’Évangile n’est pas reconnu.

Extraits du Seigneur des Anneaux pouvant être utilisés dans un service funèbre

Voici donc quelques extraits tirés Seigneur des Anneaux (chaque fois tirée de la nouvelle traduction de Daniel Lauzon, qui vaut le détour!), qui peuvent selon moi être utilisés lors d’une cérémonie d’adieu.

Il s’agit principalement de poèmes et chants, et ce pour deux raisons:

  1. La forme se prête facilement à l’insertion dans une liturgie.
  2. La nature évocative du genre littéraire est plus inclusive, permettant plus facilement à celles et ceux qui ne connaissent pas la référence d’en percevoir tout de même quelque chose.

En effet, dans une cérémonie, on « évoque », on effleure des choses. Plus les gens ont la références des choses évoquées, plus l’évocation sera puissante. (Ce qui rend aujourd’hui très difficile l’utilisation de la Bible dans les cérémonies, puisque la Bible n’est presque plus connue, et perd donc sa puissance évocative).

Par exemple, signaler que « Sam a chanté ces vers pour se donner du courage au milieu du Mordor » suffira peut-être, pour quelqu’un qui ne connaît pas l’histoire, à comprendre que c’était dit dans un moment particulièrement sombre et difficile. Mais pour quelqu’un qui connaît la trame, la simple évocation de Sam envoie à quantité d’éléments — sa personnalité, son arc narratif, sa relation avec Frodo, etc. — qui donnent de la matière et de la puissance au récit, permettant de le lier de manière d’autant plus fine à la situation propre: le défunt, sa vie, ma relation à lui, ma propre vie, etc.

Je propose ci et là quelques pistes sur l’utilisation de ces textes, sachant qu’elles ne sont pas exhaustives, et que chaque texte résonnera différemment selon la situation vécue, et le talent du maître de cérémonie.

Merci à Laura « La Penseuse » Blanchard et à Vincent Demaurex pour leur suggestions éclairées.

La route se poursuit sans fin

La route se poursuit sans fin est une chanson écrite par Bilbo Bessac lors de ses dernières années à Cul-de-Sac, qu’il chante lors de son départ.

La Route se poursuit sans fin
Qui a commencé à ma porte
Et depuis m’a conduit si loin.
Je la suis où qu’elle m’emporte,
Avide comme au premier jour,
Jusqu’à la prochaine croisée
Où se rencontrent maints parcours.
Puis où encore ? Je ne sais.
La Fraternité de l’Anneau, livre I, ch. 1.
Une fête très inattendue.

Frodo, l’ayant apprise inconsciemment, la répète sous une autre forme alors qu’il s’en va vers Creux-le-Cricq (la variation en italique):

Reprise par Frodo, sur la route (I, 3, )

La Route se poursuit sans fin
Qui a commencé à ma porte
Et depuis m’a conduit si loin.
Je la suis où qu’elle m’emporte,
*Les pieds las dès le premier jour,*
Jusqu’à la prochaine croisée
Où se rencontrent maints parcours.
Puis où encore ? Je ne sais.
La Fraternité de l’Anneau, livre I, ch. 3.
Les Trois font la paire.

La dernière version du chant est récitée par Bilbo à Fendeval, après que Frodo et les autres soient revenus de leur voyage. Avant de chanter, il dit: « Le feu est très agréable ici, et la nourriture est très bonne, et il y a des Elfes quand on en a envie. Que demander de plus ? »

La Route se poursuit sans fin
Qui a commencé à ma porte
Et depuis m’a conduit si loin.
D’autres maintenant elle emporte,
Lancés dans un nouveau voyage,
Mais moi enfin, les pieds fourbus,
Je gagne l’auberge au village
Trouver le repos qui m’est dû.
La Fraternité de l’Anneau, livre I, ch. 6.
Nombreuses séparations.

La thématique du voyage, très présente dans l’œuvre de Tolkien, évoque fortement la vie et la mort. Un départ, des rebondissements, de l’incertitude, des rencontres, des difficultés, des joies, une fin. Le voyage est une métaphore aussi pour le passage de la mort, ce « dernier voyage ».

Ce bref poème, avec ses variations, se prête particulièrement bien à un usage repris comme un refrain à plusieurs moments de la cérémonie.

Assis au coin du feu, je songe

Assis au coin du feu, je songe est un autre chant de Bilbo, qu’il chante à Fendeval quelques jours avant le départ de la Fraternité dans sa mission périlleuse vers le Mordor pour y détruire l’Anneau.

Assis au coin du feu, je songe
à tout ce que j’ai vu,
aux fleurs des prés, aux papillons
des étés révolus ;

Aux feuilles jaunes et filandres
des automnes d’antan :
soleils d’argent, matins brumeux,
et mes cheveux au vent.

Assis au coin du feu, je songe
au monde de demain,
quand l’hiver fera un printemps
que je ne verrai point.

Car il est encor tant de choses
que je n’ai vues avant :
dans chaque bois chaque printemps
donne un vert différent.

Assis au coin du feu, je songe
à ces gens d’autrefois,
à ceux qui connaîtront un monde
que je ne verrai pas.

Mais tout ce temps qu’assis, je songe
à ces saisons d’hier,
je guette les pas à la porte
et les voix familières.
La Fraternité de l’Anneau, livre II, ch. 3.
L’Anneau part vers le sud.

Ce chant invite à s’inscrire dans la temporalité, porté par des « gens d’autrefois », nourri par des souvenirs que l’on se remémore, tourné vers un futur que l’on ne connaît pas, et qu’en partie l’on ne verra pas.

Cela peut conduire à l’évocation de la vie du défunt, à la sélection de souvenirs communs au moment de se dire adieu, à verbaliser la difficulté de devoir laisser partir, à prendre conscience de sa propre finitude

Ò voyageurs des sombres bois

Frodo essaie, sans trop de succès, de réconforter ses amis avec une chanson, alors qu’ils traversent la Vieille Forêt. 

Ô voyageurs des sombres bois
ne flanchez pas ! Car si noirs qu’ils soient
tous doivent un jour prendre fin,
voir le soleil les passer enfin :
le soleil couchant, le soleil levant,
la fin du jour ou le jour naissant.
Car à l’est ou à l’ouest, tous les bois meurent…
La Fraternité de l’Anneau, livre I, ch. 6.
La Vieille Forêt.

Tel quel, ce texte m’évoque une confiance fondamentale. « Quand je traverse la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains rien » (Psaume 23). Ultimement, existentiellement, je sais que je suis en sécurité.

Pour apprivoiser cette sécurité, l’usage de la relativisation comme méthode de recadrage. Les bois sont finis, les maux sont limités. Ce que je vis n’est qu’un moment douloureux d’une histoire plus grande. Même si les arbres paraissent imposants pour moi, ils sont tout petits face au soleil. De même, mes soucis et mes souffrances, aussi imposants soient-ils dans mon ressenti, restent tout petit devant Dieu et son amour.

En même temps, et il y a là la finesse de Tolkien, même si intellectuellement on peut savoir tout cela, au moment même, je suis dans la forêt. Il fait sombre. Et j’ai peur. Je sais que le soleil est là, mais je ne le vois pas. Alors que Frodo chante ces vers pour encourager ses amis, quand il dit « les bois meurent », sa voix disparaît dans un silence inconfortable, trop conscient de la réalité de la mort qui rôde dans les bois.

Nos tentatives de réconfort, de relativisation, peuvent pareillement tomber à plat. C’est aussi le rappel que la consolation — l’eu-catastrophe — n’est pas une technique, une méthode, une certitude. Mais comme le reconnaît Tolkien lui-même: c’est une grâce, un don, quelque chose que l’on ne peut ni saisir ni maîtriser.

À la Mer ! À la Mer !

Légolas chante À la Mer ! À la Mer ! après la bataille de la Porte Noire. Galadriel l’avait prévenu qu’un désir profond de quitter la forêt l’envahirait s’il entendait le chant des mouettes.

À la Mer ! À la Mer ! Les mouettes blanches crient,
Je sens le vent souffler, blanche vole l’écume.
À l’ouest, au loin à l’ouest, le soleil rond décline.
Navire, ô gris navire, l’entends-tu appeler,
La voix de tous les miens, ceux qui m’ont précédé ?
Je vais quitter les bois, les bois où je suis né ;
Car nos jours prennent fin et nos années s’épuisent.

Je franchirai les eaux, vastes et solitaires.
Au-delà de la Mer, sur le Dernier Rivage,
Doux est le son des voix, longues roulent les vagues,
Dans cette Île Perdue, dans la Patrie des Elfes
Au cœur d’Eressëa où ne vient aucun homme,
Où ne tombent jamais les feuilles des années :
Pays de tous les miens pour toute éternité ! »
Le Retour du Roi, livre VI, ch. 4.
Le Champ de Cormallen.

Les elfes ont un désir d’éternité, qui les pousse à quitter la Terre du Milieu pour s’en aller vers l’Ouest. Il y a un lien évident avec la mort comme dernier voyage. Mais plus précisément aussi, dans ces cas où la mort est attendue, reçue comme une délivrance, un soulagement.

On peut faire un lien aussi avec un certain « désir d’éternité » que tout un chacun peut parfois ressentir, l’impression de venir d’ailleurs, d’appartenir à un autre monde que celui que nos yeux voient, à une autre histoire que celle qu’on peut se raconter. C’est le thème de l’Évasion, l’appel d’une vérité plus vraie, que Tolkien décrit par ailleurs comme un désir de « retourner à la maison ».

Finalement, je vois dans cette thématique aussi la réalité que dans notre monde — sur la Terre du Milieu — tout change, tout passe. Et que vouloir s’accrocher à une éternité, ou revenir à un passé résolu, nous empêche de recevoir ce qui nous est donné de vivre ici et maintenant. On ne goûte à l’éternité que lorsqu’on accepte de l’effleurer sans la saisir.

Par-delà la pénombre et par-delà le doute

Théoden, roi des Rohirrim, est mort héroïquement au combat lors de la bataille des Champs du Pelennor. 

Théoden [mortellement blessé] ouvrit lentement les yeux. Apercevant la bannière, il fit signe de la remettre à Éomer.

« Salut, Roi de la Marche ! dit-il. Va maintenant à la victoire ! Fais mes adieux à Éowyn ! » Et il mourut ainsi, sans savoir qu’Éowyn gisait auprès de lui. Et ceux qui étaient là pleurèrent, criant : « Théoden Roi ! Théoden Roi ! »

Mais Éomer leur dit :

  N’épuisez pas vos pleurs pour le puissant défunt :
  sa fin fut des plus dignes. Sur son tertre levé,
  les femmes pleureront. Mais pour l’heure, à la guerre !

Mais lui-même pleurait en déclamant.
Le Retour du Roi, livre V., ch. 6.
La bataille des Champs du Pelennor.

Ici, on honore une figure inspirante en poursuivant son combat. Je ne sais pas si un « Mais pour l’heure, à la guerre ! » peut être entendu par n’importe quel public. Mais j’aime à croire que pour certains, oui. Je pense par exemple à un paroissien dont j’ai fait le service funèbre et dont le militantisme m’a fortement inspiré, et mon hommage personnel était (en tout cas à mes oreilles) de cette teneur.

Plus tard, après les combats, la dépouille de Théoden est ramené au Rohan, et ces vers sont prononcés:

Par-delà la pénombre et par-delà le doute,
il vit poindre le jour et l’espoir se lever,
chantant sous le soleil et dégainant l’épée.
L’espoir il ranima et dans l’espoir finit ;
porté outre la mort, la peur et le malheur,
et par-delà le deuil, dans la gloire éternelle.
Le Retour du Roi, livre VI., ch. 6.
Nombreuses séparations.

Ô combien j’aimerais que ma vie puisse être résumé par de tels mots !

La bas dans l’Ouest, sous le soleil

Là-bas dans l’Ouest, sous le soleil est un chant improvisé par Sam Gamgie, alors qu’il cherche Frodo dans la tour sombre et froide de Cirith Ungol. Alors qu’il fredonne des chansons de son enfance, et pense à son pays natal, « soudain, une nouvelle force monta en lui, et la tour retentit de sa voix, tandis que des paroles inventées venaient se marier spontanément à la simple mélodie. »

Là-bas dans l’Ouest, sous le Soleil,
 et sous l’arbre en boutons,
le Printemps rit, la fleur s’éveille
 au chant du gai pinson.
Ou bien c’est la nuit sans nuages
 et les étoiles percent,
tels des joyaux sur les ramages
 des hêtres qui se bercent.

Et si, mon voyage achevé,
 les ténèbres m’enserrent,
par-delà les monts escarpés
 et les bastions de pierre,
le Soleil brille pour toujours,
 les Étoiles demeurent :
je ne dirai adieu au Jour
 que mon espoir ne meure.
Le Retour du Roi, livre VI., ch. 1.
La Tour de Cirith Ungol.

On voit ici une des puissantes sources d’espérance dans le Seigneur des Anneaux: le désir d’une vie simple et paisible. Sam incarne ce désir dans son amour de son pays, le Compté, qui lui redonne courage dans les moments difficiles.

Parmi les services funèbres les plus beaux que j’ai vécus, il y a ceux qui célèbrent la vie ordinaire d’une personne ordinaire. Une personne qui a aimé, travaillé, vécu sans accomplissements ou ambitions extraordinaires, qui ne laissera pas son nom dans les livres d’histoire — mais qui a réellement vécu.

Au moment où tout est sombre, Sam refuse d’abandonner son aspiration. « Je ne dirai adieu au Jour », et c’est là qu’il trouve la force d’avancer. Quand on quitte un être aimé, qu’on est dans la douleur du deuil et de la séparation, on peut trouver du réconfort dans l’affirmation forte du désir de « continuer à vivre, simplement », d’autant plus si la vie à laquelle nous aspirons s’inscrit dans des valeurs exemplifiées par la vie du défunt que nous célébrons.

Finalement, cette affirmation puissante de l’éclat du Soleil et des Étoiles au milieu de la noirceur et du froid, c’est l’affirmation de la puissance de la résurrection devant l’évidence criante de la mort. Ici ça ne peut que tomber à plat pour toute personne qui n’en a pas fait l’expérience. Mais comme pour Sam, cela peut-être donné, soudainement, dans un moment de grâce.

Tout ce qui est or ne brille pas

Tout ce qui est or ne brille pas est un poème écrit par Bilbo à propos d’Aragorn.

Aragorn est le dernier descendant d’Isildur, l’héritier des trônes d’Arnor et du Gondor. Il est le Roi dont le Retour est attendu pour triompher des force du mal. Mais, en apparence, c’est un Rôdeur, un vagabond.

Gandalf envoie ce poème à Frodo, et Aragorn en récite les premiers vers pour encourager Frodo à lui faire confiance — alors qu’en apparence il n’y a pas de quoi.

Tout ce qui est or ne brille pas,
Ne sont pas perdus tous ceux qui vagabondent ;
Ce qui est vieux mais fort ne se flétrit pas,
Le gel n’atteint pas les racines profondes.

Des cendres, un feu sera attisé,
Une lueur des ombres surgira ;
Reforgée sera l’épée qui fut brisée :
Le sans-couronne redeviendra roi.
La Fraternité de l’Anneau, livre I., ch. 10.
L’Arpenteur (et II, 2. Le Conseil d’Elrond).

Ce texte est peut-être plus délicat que d’autres à utiliser, mais je le trouve extrêmement puissant, et notamment dans une cérémonie de fin de vie.

Premièrement, ce poème dit si bien le Recouvrement, le fait de lever le voile sur la réalité et regarder les choses d’un œil nouveau pour s’en émerveiller. Il y a des vies qui peuvent sembler ternes, plates, voire ratées, gâchées. La spiritualité chrétienne affirme que tout être humain est créé à l’image de Dieu, et porte ainsi une gloire inaltérable. En même temps, tout être humain est marqué par « le péché », et cette gloire peut être bien cachée. C’est en partie le rôle d’un service funèbre de « nettoyer la pépite » et révéler des aspects de la gloire — qui sont là quoi qu’il arrive. « Le gel n’atteint pas les racines profondes. »

D’autre part, ce texte dit une destinée. Aragorn, au moment du poème, est encore l’Arpenteur, mais il est destiné à devenir Roi. Cette destinée est notamment symbolisée dans la trame d’Aragorn par les fragments de l’épée d’Elendil — qui a jadis coupé l’Anneau de la main de Sauron mais qui a été brisée à ce moment — et qui doit être reforgée.

Dans la spiritualité chrétienne, nous sommes appelés à régner avec le Christ, qui est le Roi des rois, qui est celui qui triomphe des forces du mal. Nous sommes des « sans-couronnes » qui recevons une « couronne de vie » de la part du Christ. L’entrée dans notre destinée passe par la mort et la résurrection — des morts et résurrections symboliques ou métaphoriques. Mais aussi, mystérieusement, ultimement, physiques.

L’Arbre Blanc du Gondor

Ici, un extrait en prose, plus long. Gandalf conduit Aragorn en haut d’une montagne pour contempler du regard tout son royaume. Ce qu’Aragorn voit n’est que “le cœur du royaume plus grand encore à venir”. La destruction de l’Anneau met fin au Troisième ge; c’est le début du Quatrième ge. C’est à Aragorn et à sa lignée qu’il appartient de faire prospérer ce royaume dans cette nouvelle ère.

« Mais un jour, je vais mourir, dit Aragorn. Car je suis un homme mortel, et pour être ce que je suis, et de la race de l’Ouest sans métissage, la vie me restera beaucoup plus longtemps qu’à d’autres hommes, mais ce ne sera qu’un court moment ; et quand ceux qui sont à présent dans le sein des femmes auront vu le jour et se feront vieux, je serai vieux moi aussi. Et qui gouvernera alors le Gondor et ceux qui regardent cette Cité comme leur reine, si mon désir n’est pas exaucé ? L’Arbre dans la Cour de la Fontaine est toujours desséché et stérile. Quand verrai-je un signe qu’il en sera jamais autrement ? »

« Détourne-toi du monde de verdure, et regarde où tout paraît stérile et froid ! » répondit Gandalf.

Sur ce, Aragorn se retourna, et il vit une pente rocailleuse descendant des lisières de la neige ; et en y regardant, il remarqua que seule au milieu du désert se dressait une pousse. Il grimpa jusqu’à l’endroit, et vit qu’au tout début de la congère avait surgi un jeune arbre haut de trois pieds au plus. Il avait déjà produit de longues feuilles aux contours harmonieux, sombres sur le dessus et argentées en dessous, et sa cime élancée portait déjà une petite couronne de fleurs dont les pétales blancs rutilaient comme la neige au soleil.

Alors, Aragorn s’écria : « Yé ! utúvienyes ! Je l’ai trouvé ! Oui ! voici un rejeton de l’Aîné des Arbres ! Mais comment est-il venu ici ? Car lui-même n’a pas encore sept ans. »

Et Gandalf accourant le regarda, et dit : « Voilà bien un rejeton de la lignée de Nimloth le beau, lequel fut un semis de Galathilion, lui-même un fruit de Telperion aux maints noms, l’Aîné des Arbres. Qui saurait dire comment il est venu ici à l’heure voulue ? Mais ceci est un antique lieu sacré, et avant que les rois s’éteignent ou que l’Arbre de la cour se dessèche, un fruit a dû être laissé ici. Car il est dit que, bien que le fruit de l’Arbre parvienne rarement à maturité, la vie qu’il porte en lui peut alors rester en dormance pendant maintes longues années, et nul ne saurait prédire le jour de sa résurrection. Souviens-toi de cela. Car si jamais un fruit mûrit, il doit être planté, de crainte que la lignée ne s’éteigne. Il est resté caché ici sur la montagne, alors même que la race d’Elendil gisait cachée dans les déserts du Nord. Mais la lignée de Nimloth est beaucoup plus ancienne que la tienne, roi Elessar. »

Alors, Aragorn posa doucement la main sur le jeune arbre, et voici ! il ne semblait que légèrement implanté et s’arracha sans souffrir aucun mal ; et Aragorn l’apporta dans la Citadelle. Puis l’on déracina l’arbre desséché, mais avec respect ; et il ne fut pas brûlé, mais laissé au repos dans le silence de Rath Dínen. Et Aragorn planta le nouvel arbre dans la cour près de la fontaine, et il se mit à croître avec élan et vitalité ; et quand vint le mois de juin, ses branches étaient chargées de fleurs.

« Le signe a été donné, dit Aragorn, et le jour est proche. » Et il posta des sentinelles sur les murs.
Le Retour du Roi, livre VI., ch. 5.
L’Intendant et le Roi.

L’Arbre Blanc est un symbole de la vitalité du Royaume du Gondor. L’arbre est symbole du lien entre la terre et le ciel, entre le passé et l’avenir. La lignée de l’Arbre Blanc a été créée par les Valars (d’origine divine si l’on veut). C’est un signe que le Royaume du Gondor a une dignité et une destinée qui lui vient d’ailleurs. Desséché et stérile, l’Arbre représente le Royaume sans roi, sans vie, sans force.

Le corps rigide et froid — “désséché et stérile” — de l’être aimé, la présence du cercueil dans la cérémonie, tout cela rend tangible et palpable la réalité de la mort, à la fois complètement naturelle et totalement absurde pour qui en fait l’expérience. Alors porteur d’une vie qui venait d’ailleurs — de par les âges et au-delà — il n’en reste maintenant plus rien.

L’appel de Gandalf, “Détourne-toi du monde de verdure, et regarde où tout paraît stérile et froid !” invite à contempler la mort en face. Dans un société où l’on cherche à la cacher, l’oublier, la banaliser. Prendre le temps de se sentir vivant, devant la mort. Quand je célèbre un service funèbre, je commence parfois par inviter l’assemblée à prendre le temps de quelques respirations profondes, pour sentir son propre corps bien vivant devant la mort. Avant d’invoquer la “lumière des Valar”, la présence de Dieu au milieu de cette confrontation entre la vie et la mort.

C’est dans cette confrontation radicale, douloureuse, que se trouve la vie. Dans la vallée de l’ombre de la mort, Dieu est là avec nous, il ne nous attend pas à l’extérieur au soleil. C’est là que s’expérimentent la vie, l’espérance et l’amour.

Dans cette confrontation avec la stérilité — l’opposé de la vie qui se reproduit — une graine peut être donnée, un fruit peut mûrir. “Si jamais un fruit mûri, il doit être planté.” C’est un appel à cultiver les souvenirs de l’être aimé, et les faire fleurir dans notre vie qui continue. Des souvenirs qui peuvent rester dormants de longues années, puis soudain rejaillir.

C’est là une des fonctions d’un service funèbre chrétien: “purifier” les souvenirs. Contribuer à guérir voir oublier certains souvenirs. Se remémorer et en cultiver d’autres. Les semer en nous, pour qu’ils fleurissent en temps voulu. Expérimenter ainsi une forme de résurrection.

Faire cela, c’est prendre conscience de sa propre place dans la lignée des vivants. De sa propre fécondité, et de sa propre mortalité. C’est recevoir, à travers les âges et d’au-dela, un Amour et une Dignité qui nous sont donnés et qui nous font vivre.

Finalement, planter un arbre est un puissant acte symbolique pour cultiver le souvenir d’une personne aimée. Dans ce contexte en particulier, cette référence prend tout son sens.

Je ne crains ni la souffrance ni la mort

Aragorn essaie de convaincre Eowyn que rester gouverner au pays est une tache aussi importante et noble que celle de partir à la guerre. Eowyn ne l’entend pas de cette oreille.

[Eowyn] répondit : « Tout cela revient à dire : vous êtes une femme, et votre place est à la maison. Mais quand les hommes seront morts au combat, dans l’honneur, vous pourrez brûler avec elle, car les hommes n’auront plus besoin d’un toit. Mais je suis de la Maison d’Eorl, et non une femme servante. Je puis monter à cheval, je sais manier l’épée ; et je ne crains ni la souffrance, ni la mort. »

« Que craignez-vous donc, madame ? » demanda [Aragorn].

« Une cage, dit-elle. Vivre derrière des barreaux, jusqu’à ce que l’habitude et la vieillesse s’en accommodent, et que l’espoir d’accomplir de hauts faits soit au-delà de tout souvenir et de toute envie. »
Le Retour du Roi, livre V., ch. 2.
Le passage de la Compagnie Grise.

On ne ressort pas indemne d’une confrontation avec la mort. La question nous est posée: “que fais-tu de ta vie?” Est-ce que ma vie est conduite par la peur de souffrir et de mourir? Si c’est cela, je risque de passer à côté de la vie. Parce que vivre, c’est accepter de mourir et souffir.

De plus, accepter que la mort fasse partie de la vie, et prendre conscience de sa propre mortalité, c’est l’essence même du processus de deuil.

Dans mes services funèbres, je glisse souvent vers la fin une prière dans la ligne de: “Nous te prions encore pour chacun d’entre nous, pour que la mort ne nous trouve pas nus et démunis, mais riches de l’amour partagé et de ta tendresse.” C’est, en substance, le cri d’Eowyn.

La grande traversée finale

Frodo quitte la Terre du Milieu pour aller vers l’Ouest, le “paradis” des elfes. Sam s’apprête à lui dire un ultime adieu.

Círdan les conduisit alors aux Havres, où un navire blanc était au mouillage. Sur le quai, à côté d’un grand cheval gris, se tenait une forme tout de blanc vêtue qui les attendait. Elle se retourna et, comme elle venait à leur rencontre, Frodo vit que Gandalf portait désormais ouvertement le Troisième Anneau, Narya le Grand, dont la pierre rutilait comme du feu sur sa main. Alors, ceux qui devaient partir furent heureux, car ils surent que Gandalf prendrait la mer avec eux.

Mais Sam avait le cœur en peine, songeant que, si la séparation serait amère, le long chemin de retour serait plus pénible encore. Or tandis qu’ils se tenaient là, que les Elfes montaient à bord et que l’on s’apprêtait au départ, Merry et Pippin arrivèrent en toute hâte sur leurs montures. Et Pippin riait au milieu de ses larmes.

« Tu as déjà essayé de nous fausser compagnie, Frodo, et ça n’a pas marché, dit-il. Cette fois, tu as presque réussi, mais pas tout à fait. Ce n’est pas Sam qui t’a vendu cette fois, mais Gandalf en personne ! »

« Oui, dit Gandalf, car il sera mieux de rentrer à trois plutôt que seul. Eh bien… ici, chers amis, sur les rivages de la Mer, s’achève enfin notre fraternité en Terre du Milieu. Allez en paix ! Je ne dirai pas : ne pleurez point ; car toutes les larmes ne sont pas un mal. »
Le Retour du Roi, livre VI., ch. 9.
Les Havres Gris.

À nouveau, l’image de la traversée évoque la mort, cet ultime passage vers autre chose, peut-être vers un autre monde. Ce texte évoque plusieurs choses très fortes pour bien vivre ce passage.

Le fait que l’on ne fait pas la traversée seul. Gandalf, rayonnant, accompagne Frodo. Dans l’espérance chrétienne, le Christ a traversé la mort, c’est “en lui” que nous vivons et mourrons. Nous sommes peut-être en terre inconnue, mais nous ne sommes pas sans capitaine pour la traversée.

Cette assurance de n’être pas abandonné n’empêche pas de pleurer, “car toutes les larmes ne sont pas un mal”, mais ces larmes ne sont pas ultimes. Elles peuvent être traversées par l’espérance comme dans les rires de Pippin.

Finalement, la communauté est d’une aide essentielle pour celles et ceux qui assistent au départ d’un être aimé. Familles, amis, clubs et associations, etc. L’Église, en théorie (malheureusement pas toujours en pratique), offre une telle communauté d’espérance et de consolation pour celles et ceux qui en ont besoin. 

Davantage que le souvenir

Aragorn est sur son lit de mort, et il échange quelques dernières paroles avec Arwen, son épouse, qui est une elfe. Il lui dit qu’elle a encore la possibilité de rejoindre les elfes dans l’Ouest, et garder un souvenir éternel de lui. Ou de préférer le Destin des Humains:

« “Je ne vous consolerai pas, car il n’est aucun réconfort pour une telle douleur à l’intérieur des cercles du monde. Le choix ultime s’offre à vous, soit de vous repentir, d’aller aux Havres, et d’emporter avec vous dans l’Ouest le souvenir de notre vie ensemble qui, là-bas, sera impérissable, mais ne sera jamais qu’un souvenir ; soit d’accepter le Destin des Hommes.”



Mais ne cédons pas devant l’épreuve finale, nous qui, autrefois, avons renoncé à l’Ombre et à l’Anneau. Il nous faut partir dans la tristesse, mais non dans le désespoir. Voyez ! nous ne sommes pas éternellement confinés aux cercles du monde ; et au-delà, il y a pour nous davantage que le souvenir. Adieu !”

Le Retour du Roi, Appendice A.
Annales des rois et dirigeants, ch. I.
Les Rois númenóréens.

Le choix du souvenir impérissable, c’est ce qu’on expérimente en chérissant les souvenirs des êtres aimés. Les années peuvent passer, mais quand on repense aux gens que l’on a aimé, ils sont vivants dans notre cœur. En feuilletant un album photo par exemple, on peut être complètement transportés en leur présence, dans ce « souvenir impérissable ».

C’est une forme d’éternité de l’amour sur terre. Mais comme pour les elfes d’Iluvatar, cet amour ne peut rester que dans le souvenir — aussi beau soit-il… 

La dernière phrase ouvre sur autre chose. Un amour qui « n’est pas éternellement confiné aux cercles du monde », avec la promesse d’un « davantage que le souvenir »…

Qu’est-ce que vous en pensez?

Est-ce que vous voyez d’autres textes de Tolkien (dans le Seigneur des Anneaux ou en dehors) qui peuvent faire sens dans un tel contexte? Ou d’autres textes de fantasy, d’autres auteurs?


  1. Cf. J. R. R. Tolkien, « On Fairy-Stories » in Essays Presented to Charles Williams, Oxford University Press, 1947. Les citations qui suivent dans les paragraphes suivants viennent de là, maladroitement traduites par moi. 

  2. « Eucatastrophe » est un terme crée par Tolkien, le mot catastrophe préfixé de eu-, « bon »:

    « I coined the word ‘eucatastrophe’: the sudden happy turn in a story which pierces you with a joy that brings tears (which I argued it is the highest function of fairy-stories to produce). And I was there led to the view that it produces its peculiar effect because it is a sudden glimpse of Truth, your whole nature chained in material cause and effect, the chain of death, feels a sudden relief as if a major limb out of joint had suddenly snapped back. It perceives – if the story has literary ‘truth’ on the second plane (.…) – that this is indeed how things really do work in the Great World for which our nature is made. And I concluded by saying that the Resurrection was the greatest ‘eucatastrophe’ possible in the greatest Fairy Story – and produces that essential emotion: Christian joy which produces tears because it is qualitatively so like sorrow, because it comes from those places where Joy and Sorrow are at one, reconciled, as selfishness and altruism are lost in Love. » ― Letter 89 (src)

  3. Voici comment Tolkien présente les choses:

    « Les Évangiles contiennent un conte de fées, ou une histoire d’un genre plus large qui englobe toute l’essence des contes de fées. Ils contiennent de nombreuses merveilles, particulièrement artistiques, belles et émouvantes : « mythiques » dans leur signification parfaite et autonome; et parmi ces merveilles se trouve la plus grande et la plus complète des eucatastrophes imaginables. Mais cette histoire est entrée dans l’Histoire et dans le monde primaire ; le désir et l’aspiration de la sous-création ont été élevés à l’accomplissement de la Création. La naissance du Christ est l’eucatastrophe de l’histoire de l’humanité. La Résurrection est l’eucatastrophe de l’histoire de l’Incarnation. Cette histoire commence et se termine dans la joie. Elle possède de manière prééminente la « cohérence interne de la réalité ». Il n’y a pas d’histoire jamais racontée que les humains préféreraient trouver vraie, et aucune que tant de sceptiques ont acceptée comme vraie sur ses propres mérites. »

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