Quand Rien créa Tout

Q

Je suis tombé sur cet article de Joe Carter (twitter), et je l’ai trouvé intéressant pour plusieurs raisons:

  • Il propose une tentative de méta-narratif athée-matérialiste simple et compréhensible qui explicite la question de la compréhension de soi1. Est-ce qu’il le fait bien? Sur le fond c’est discutable, mais la forme est très bonne.
  • Il le fait sans être athée-matérialiste, mais sans entrer — il me semble — dans la caricature, même s’il y a certainement un peu d’humour/dérision. Il s’agit donc réellement du regard constructif d’un chrétien sur une vision du monde scientifique réductionniste ontologique.
  • Il fait réfléchir sur l’importance pédagogique structurante des récits des origines.
  • Il pose la question du sens profond dans une vision matérialiste du monde. Cette question est capitale devant le désespoir qui se répand aujourd’hui de l’occident dans le monde.
  • Finalement, c’est typiquement le genre de texte que mon père aurait pu écrire. Ça éveille probablement des souvenirs d’enfance en moi. ^^

Du coup, ce qui suit est ma traduction (autorisée) de cet article, paru sur thegospelcoalition.org. Ce n’est donc plus mon texte, mais celui de Joe Carter (et contrairement au reste du site il n’est pas sous CC-BY-SA).


Tout au long de l’histoire, les gens ont été fascinés et passionnés par la narration des récits de création de leur culture.

Les Aztèques ont parlé de Celle qui porte une jupe de serpents, les Phéniciens des zophasimin, et les judéo-chrétiens du seul vrai Dieu—Yahvé. Mais il y a un groupe malheureux — les enfants des athées matérialistes — qui n’a pas de récit originel qui lui soit propre. Quand un enfant trop curieux demande qui a crée le soleil, les animaux et l’humanité, ses parents ne peuvent que le renvoyer à un livre de Carl Sagan ou Richard Dawkins.

Mais quel genre d’histoires risquent-ils de trouver? Doivent-ils entendre, comme l’affirme Sephen Hawking dans son livre Y a‑t-il un grand architecte dans l’univers ?, que « l’univers s’est crée lui-même à partir de rien »?

Étant donné que l’explication d’Hawking est un peu trop terne et peu adéquate comme lecture de chevet, j’ai décidé de prendre les éléments du matérialisme et de les mettre en forme dans un narratif prétendument exact, quoique mythique. Ceci qui suit est ce qui a fait défaut trop longtemps dans notre culture — un récit de création pour les jeunes athées matérialistes.


Au commencement était Rien, et Rien créa Tout. Quand Rien décida de créer Tout, elle remplit un minuscule point de Temps, Chance et Tout, et l’a fait se développer. L’expansion répandit Tout vers Partout, emmenant avec elle Temps et Chance pour lui tenir compagnie. Les trois s’étendirent ensemble, laissant des morceaux d’eux-mêmes là où ils allaient. Un de ces endroits était la planète Terre.

Sans Raison particulière — car Raison est rarement particulière — Temps et Chance se prirent d’affection pour ce petit rocher humide et bleu, et décidèrent de rester dans le coin pour découvrir quelles aventures ils pourraient avoir. Alors qu’ils trouvaient la Terre mignonne et fascinante, ils la trouvaient un rien trop calme, un rien trop statique. Ils se décidèrent de changer Tout (rien qu’un peu) en créant une Quelque Chose de spécial. Temps et Chance parcoururent la planète, éclaboussant les océans et pataugeant dans la boue, à la recherche de matériaux. Mais bien qu’ils regardèrent Partout, ils manquaient d’un ingrédient pour faire un Quelque Chose qui serait capable de créer d’autres Quelques Choses semblables.

Ils appelèrent à l’aide leur amie Tout. Puisque Tout avait été Partout, elle serait sans doute capable de trouver l’ingrédient manquant. Et de fait, elle le trouva. Caché au loin dans une petite alcôve nommée Quelque Part, Tout trouva ce dont Temps et Chance avaient besoin tout du long: Information. Tout mit Information sur un morceau de glace et de roche qui se trouvait passer dans le voisinage de la planète Pluton, et l’envoya vers ses amis sur Terre.

Arrivèrent les Autres Choses

Accumulations fossiles de biofilms algo-bactériens (si si)
Accumulations fossiles de biofilms algo-bactériens (si si)

Maintenant qu’ils avaient Information, Temps et Chance furent enfin capable de créer un Quelque Chose auto-reproductible qu’ils appelèrent Vie. Une fois qu’ils eurent crée Vie, ils découvrir que non seulement Vie croissait en d’avantage de Quelques Choses, mais qu’en plus elle commença à devenir d’Autres Choses aussi! Les Quelques Choses et les Autres Choses commencèrent à remplir la Terre — du fond des océans au sommet du ciel. Leur création, qui commença en un unique Quelque Chose, finit par devenir des millions et des milliards d’Autres Choses.

Cependant, Temps et Chance étaient de nature querelleuse et livrés à une rivalité constante pour savoir lequel des deux était le plus puissant. Un jour, ils se disputèrent pour savoir qui des deux a été le plus important dans la création de Vie. Tout (qui laissait toujours traîner une oreille) entendit la dispute et suggéra qu’ils la résolvent en mettant leurs compétences créatrices à l’œuvre sur une nouvelle créature appelée Humain. Ils trouvèrent tous l’idée géniale — car Humain était une bête poilue et bornée parfaitement à même de fournir un défi de taille — et ils commencèrent à se vanter d’arriver à créer une capacité, qu’ils appelèrent Conscience, qui rendrait Humain capable de reconnaître Chance, Temps, Tout et Rien.

Comment Humain eut ses Croyances

Chance, d’un naturel toujours un peu flâneur, est partit d’un mauvais pied. Temps, qui ne se reposait jamais, compléta donc la tâche le premier. Temps courut ça et là pour remplir de Conscience la matière gluante à l’intérieur de la tête de chaque Humain. Mais alors qu’il jubilait de sa victoire, il remarqua une étrange réaction. Quand Humain remarqua que Tout avait été crée par Temps, Chance, et Rien, sa Conscience se remplit de Désespoir.

Chance trouva immédiatement une solution au problème, et prit les matériaux qu’elle utilisait pour créer Conscience, et les utilisa pour créer Croyances. Quand Chance déversa Croyances dans la gelée grise, Humain cessa d’être rempli de Désespoir et commença à créer Illusions. Ces Illusions prirent différentes formes — Dieu, Dessein, Sens — et étaient presque toujours efficaces pour empêcher Humain de se remplir de Désespoir.

Rien, qui avait tendance à être distrait, se souvint de sa création et décida de jeter un œil autour de Tout. Quand elle vit ce que Temps et Chance avait fait sur la planète Terre, elle en fut légèrement amusée, mais leur interdit de remplir aucune autre créature avec Conscience ou Croyances (et c’est pourquoi Humain est le seul Quelque Chose qui possède les deux). Mais Rien se prit d’affection pour Humain et dit à Temps et Chance que quand la Vie de chacun ou chacune serait épuisée, Rien le ou la reprendrait pour en faire Rien.

Et c’est pourquoi, les enfants, quand Humain perds sa Vie, il cesse d’être Quelque Chose créé par Temps et Chance et redevient comme son créateur — Rien.

  1. Les cours de physique à l’école sont aussi des récits simplifiés de ce genre, mais ils ne posent pas la question de la compréhension de soi dans un tel univers.
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