La Bible pour moi

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Elio Jaillet est une des perles de l’église et de la théologie réformée romande contemporaine. Récemment il a écrit un article pratique et profond, La Bible pour moi. Il y parle en termes accessibles de son rapport à la Bible.

Quand les grands ont des bonnes idées, les petits peuvent s’en laisser inspirer, alors je tente l’exercice à mon tour.

Contraintes:

  • Mêmes titres principaux: « Comment je lis la Bible », « Ce que je trouve dans la Bible »
  • Même longueur: 1150 mots (± 50 mots)
  • Même niveau de langage (accessible à des catéchumènes)

Comment je lis la Bible

J’ai lu la Bible de manière parfaitement irrégulière. Je manque souvent de discipline et de régularité, et je fonctionne par phase. Certaines phases je peux y passer des heures par jour. D’autres je peux ne pas l’ouvrir pendant des semaines. C’est quelque chose que j’accepte aujourd’hui sans culpabiliser, mais je me mettais plus de pression par le passé.

Quelques grandes phases que je distingue, qui s’imbriquent, certaines passées, d’autres qui continuent.

La lecture vorace

Pendant un temps, j’ai lu la Bible avec beaucoup d’avidité. Stylo ou crayon de couleur en main, je lisais au kilomètre, dès que j’avais un moment, en marquant tout ce qui me parlait d’une manière ou d’une autre. C’était pour moi la porte d’entrée vers la personne de Dieu, et ça réenchantait mon monde. J’en avais jamais assez. 

Je me souviens d’ailleurs une fois, dans le train, la personne en face de moi m’a demandé: « Excusez-moi, quel est ce livre que vous lisez avec tant d’avidité? »

La lecture parasitée

Quand la Bible est devenue un objet d’étude, à l’Uni, j’étais pris dans des controverses sur « la manière juste et honnête de lire la Bible ». Alors souvent, quand je l’ouvrais, ces débats un peu stériles pourrissaient ma lecture.

Être passé par là m’aide à avoir une lecture plus intelligente de la Bible (je l’espère), mais sur le moment ce n’était pas le plus nourrissant.

La lecture pour moi à travers d’autres

À l’Uni toujours, j’ai finalement beaucoup lu la Bible par procuration, à travers des gens qui la lisent et l’expliquent mieux que moi: en livres (commentaires bibliques) ou en prédications orales. Certains qui essaient de répondre à la question: qu’est-ce que le texte voulait vraiment dire il y a 2’000 ans? Et d’autres qui essaient de répondre à la question: qu’est-ce que le texte peut nous dire aujourd’hui ?

Cette manière de faire m’aide à élargir « ma » lecture: même quand c’est moi tout seul qui lit pour moi tout seul, je le fais avec des gens de tous les âges, et de tous les continents. Et c’est assez incroyable de se dire qu’on est relié… par un livre !

La lecture pour d’autres à travers moi

Quand j’ai commencé à devoir prêcher régulièrement en Église, j’ai opté pour un mode de prédication suivie: je choisis un livre biblique, et chaque dimanche où je prends le micro, je prêche le passage suivant. J’ai ainsi passé environ une année dans l’épître aux Éphésiens, et plus d’une autre dans l’épître aux Philippiens.

On apprend jamais mieux que lorsque l’on doit transmettre, et ces phases sont extrêmement nourrissantes pour moi. Dans ces moments, où je reste très longtemps avec le même texte, un seul verset peut parfois me nourrir pendant des jours, des semaines. Comme un bonbon savoureux qui reste longtemps en bouche. (Parfois aussi je me retrouve la veille d’un culte en me disant: « pu#@&!? qu’est-ce que je vais bien pouvoir en dire?! »)

La lecture avec d’autres

Une des formes les plus naturelles pour moi de vivre ma foi et de vivre l’Église, c’est en petit groupe. Un petit nombre de gens de confiance, avec qui on se voit régulièrement. On partage nos soucis et nos joies du quotidien, on lit la Bible ensemble, on prie les uns pour les autres. On traverse la vie, à plusieurs avec Dieu.

Actuellement je n’ai plus ça, et ça me manque.

Ce que je trouve dans la Bible

Une grande histoire passionnante

Je crois que je rejoins pas mal Elio sur ce point. La Bible raconte une grande histoire.

Comme toute histoire qu’on peut lire ou écouter, elle a un début, un milieu et une fin. Elle est pleine de tragédies, de souffrances, de joies, de rebondissements, de confits, de violences, de suspense, etc.

Mais elle a plusieurs particularités qui la séparent de toutes les autres histoires qu’on connait. Pour moi (et je sais que bien des gens ne seraient pas d’accord avec ce qui va suivre):

  • Elle est racontée en patchwork. Par petits bouts, par petites touches, qui toutes sont indépendantes, mais ensemble font une grande image. Un peu comme une série TV où chaque épisode à sa propre intrigue, mais qui raconte une grande intrigue sur toute la saison. 

  • Le personnage principal est Jésus-Christ. Dieu est celui qui écrit et raconte cette histoire, dont Jésus est le héros. Toute la Bible parle de Jésus (Ancien comme Nouveau Testament). C’est un héros fascinant, incroyable, inspirant, éclairant et perturbant.

  • Elle est vraie. Bien qu’elle soit mise en récit (ça reste une histoire), c’est une histoire qui s’est vraiment passé. À la différence de Harry Potter ou de Gandalf, Jésus est bel et bien mort et ressuscité dans notre histoire historique. Et donc cette histoire folle nous parle réellement de nos vies à nous.

La conséquence de ça, c’est que je suis un personnage mineur dans cette grande histoire. Mes aventures, mes soucis et mes rêves sont un petit bout du patchwork qui forme cette grande histoire. Et ça, ça enchante complètement ma vie, et oriente mes relations, mes choix, mes joies et mes peines.

Je ne suis pas le capitaine de ma vie

Quand je lis la Bible, donc, j’apprends à connaître le personnage principal de ma vie de tous les jours. Qui n’est pas moi. Et ça, pour moi, c’est super libérateur et aidant.

Par exemple:

  • Je suis important mais pas tant que ça: parfois j’ai tendance à penser « Je suis super important », et parfois « Je suis super insignifiant ». Eh bien non. Je suis important. Mais pas tant que ça. Ça m’aide à investir ma propre vie avec un certain détachement. Que je trouve sain.

  • Je peux avoir une confiance totale face aux difficultés de la vie: quoi qu’il m’arrive, je sais que l’histoire est habilement racontée par un excellent conteur qui va retomber sur ses pattes. Ça veut pas dire que ma vie sera plus facile, mais ça permet de relâcher un bout de pression, et de passer à travers les difficultés avec confiance.

  • J’ai un but, un sens, une mission: l’histoire que raconte la Bible met en scène des puissances de Vie et de Mort. Et j’ai un rôle à jouer dans ce grand combat: être du côté de la Vie, et mettre en lumière le personnage principal dans cette lutte. Je dois bien sûr trouver ma propre mission, ma propre manière de faire ça, mais ça donne une orientation.

  • J’ai un modèle, un guide, un mentor: mon rôle est de mettre en valeur le personnage principal, et une manière de faire ça c’est d’essayer de l’imiter dans ma vie. Face à des questions épineuses, des situations difficiles, ça me donne un exemple à suivre. Même si j’ai besoin parfois d’autres modèles/guides/mentors/personnages intermédiaires.

"Imitez-moi comme j'imite Jésus-Christ"

Ainsi, lire la Bible renforce ma confiance (ma vie est dans cette histoire qui [spoiler!] finit bien), me décentre de moi-même (je suis pas le perso principal, mais un perso quand même), et m’oriente pour les grands choix de ma vie (j’ai une mission) comme pour les petits (j’ai un modèle).

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3 commentaires

  • Trop trop bien !
    J’apprécie beaucoup ce que tu soulignes des études, la lecture parasitée. Des fois j’ai l’impression que j’ai fait le chemin inverse de ce côté.
    Ce que tu dois du « personnage » me parle beaucoup aussi. Je me demande si Jésus-Christ n’est pas justement le personnage principal — Dieu — parce que c est un personnage qui est personnage d’une manière qui fait qu’on ne peut se passer d’aucun autre personnage de l’histoire.
    Je ne sais pas si je qualifierais mon propre langage d’accessible… Mais je prends ! 

    Si jamais : la séance de catéchisme s est bien passé, et c’était très chouette! La structure un deux temps (« comment » / « ce que j’y trouve ») vient des questions de préparations que m’a transmise Corinne Méan (pasteure dans la paroisse de Lonay-Preverenges-Vuillerens) credential to Her!

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