Les étapes du deuil à la sauce Kaamelott (sur le tapis)

L

Au début de cette année, après des mois1Des mois de l’année précédente, pas de cette année. Sinon c’est carrément n’importe quoi là, sire. où mon émotion dominante était la colère, je suis passé à une phase de grande tristesse. C’était pénible (mi-triste, mi-pénible, et re mi-triste derrière), parce que la colère est grisante, alors que la tristesse est stagnante… Et soudain ça a fait tilt!

« Mais c’est bien sûr ! Je traverse une sorte de deuil! »

À partir de là, c’est pas moins triste, mais c’est moins pénible. Parce qu’un deuil, ça se traverse. Et y a pas besoin d’avoir peur des émotions qu’on y croise.

En effet, selon un modèle célèbre (mais très discuté, mais utile tout de même), on réagirait tous de manières un peu similaire face à un deuil ou une rupture non désirée. Par exemple l’annonce de sa propre mort2L’annonce avant sa propre mort, s’entend. Trop peu d’études ont été publiées sur la manière dont nous réagissons après. Une des sources les plus fiables et jusqu’à ce jour inégalée dans sa qualité reste Les Annales du Disque-Monde., la mort d’un proche, la perte de quelque chose d’important.

Même si nous ne passons pas nécessairement par toutes ces étapes, ou pas dans le même ordre, ou pas de manière filiforme — c’est rassurant de se dire que ces étapes sont normales. Et qu’il ne faut pas nécessairement lutter contre, mais les traverser, tranquillement. En progressant l’un derrière l’autre.

Ca pique trop d'la vie quoi.
Tout l’art est de savoir choisir ses mots pour bien décrire son ressenti du moment.

Des engins comme nous, ça devrait être livré avec une notice. Alors, ces étapes, que sont-elles?

Et comment aider soi-même où ses proches à les traverser?

1. Choc et déni

2. Colère

3. Marchandage

4. Tristesse

La neige, on l'enlève, elle revient. Toujours.

5. Acceptation

(Merci Philippe !)

Et comme je suis pasteur moi, je suis pas là pour secouer des drapeaux et jouer de la trompette, voici un bonus.

Bonus: choses à éviter face à quelqu’un·e en deuil

Sachant que la souffrance et le deuil sont des éléments importants de la vie, être capable de les accueillir et accompagner — chez soi et chez les autres — est une compétence importante.

Mais pourtant, si on est honnête, on est plutôt mauvais. Genre précurseurs de pieds de chaises.

Alors voici une liste de choses à éviter face à quelqu’un·e en deuil.

(Sachant qu’il n’y a pas de recette miracles, parce que le deuil, comme les épées magiques, c’est personnel. Et que le nord, suivant comment on est tourné, ça change tout. Et que parfois pour avancer on a justement besoin de quelqu’un qui n’y aille pas du revers de la main morte.)

((Mais tout de même, de manières générales, les réactions ci-dessous risquent plutôt de te faire passer pour la reine des putes.))

Minimiser

Donner des conseils qui tomberont forcément à côté

Vous restez pour soutenir les p’tits copains. Mais ça veut pas dire qu’on est obligés de se farcir vos réflexions !

Poser tout un tas de questions non sollicitées

Dire que la personne a un problème

Faire la morale

Positiver

Ramener à sa propre expérience

Si possible hors sujet:

Contester la perspective de la personne

Reprocher le choix des mots utilisés

Faire semblant d’écouter

Nier Le vécu

Ca paraît gros, comme ça, mais je pourrais donner des exemples concrets de réactions dans une bonne partie de ces catégories qui m’ont été faites ces 12 derniers mois. Y compris par des professionnels de l’accompagnement du deuil, comme quoi… Et en creusant un peu dans ma mémoire, je pourrais probablement trouver des exemples de choses que j’ai dites pour chacune de ces catégories. (Et je suis aussi un professionnel de l’accompagnement du deuil, il paraît).

Parce que vous êtes humains comme moi, vous savez que la monstruosité peut prendre des formes diverses.

Bref, quand quelqu’un vient confier une souffrance… une seule règle:

Parce que au fond, au final, c’est simple. On veut tous la même chose:

Être considérés en tant que tel.

close

Abonne-toi pour ne pas manquer les prochains articles !

Abonne-toi pour ne pas manque les prochains articles :

9 commentaires

  • Question technique du coup : y a‑t-il un bon moment pour annoncer la résurrection ? / pas la bonne question ? / et si on est au milieu d’un champ de bataille ? 

    Merci pour ton article !

    • Merci Elio, bonne question !

      Alors déjà, quelle annonce de quelle résurrection par qui?

      - Léodagan: l’opportuniste/prosélyte (on rate pas une opportunité de s’en mettre plein les fouilles)
      — Bohort: le peureux / j’aimerais dire quelque chose mais j’ose pas (excusez-moi d’avoir paniqué)
      — Arthur: l’humaniste (la religion c’est le bordel, ce qui compte c’est d’être au côté de ceux qui souffrent)
      — Perceval: l’incompréhensible (c’est pas moi qu’explique mal, c’est les autres qui sont cons)
      — Karadok: la pseudo-mystico-poétique (La neige qui poudroie dans la solitude de notre enfance)
      — … ?

      Dans mon expérience limitée: l’annonce de la résurrection apporte un réconfort à une partie de celleux qui y croient déjà. Pour les autres, ça fait partie du folklore ou des bondieuseries, mais c’est un réconfort facile, ça n’a pas beaucoup de fonds… (Et j’ai l’impression que pour certains collègues, dire que les services funèbres par exemple c’est là qu’on peut annoncer la résurrection à « toute la population », c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’à la glotte, et ça justifie surtout qu’on essaie pas de l’annoncer / démontrer ailleurs.)

      Par contre, l’espérance et l’expérience de la résurrection c’est ce qui m’a donné / me donne le courage d’avancer. Quand ça fait mouche, ça fait mouche. Et je suis bien content quand des autres me portent avec leur espérance quand moi j’y arrive plus. 

      Donc je dirai que l’annonce de la résurrection: oui ! Mais le moment et l’annonce de l’annonce de la résurrection, comme les jours de la semaine, c’est à une vache près, c’est pas une science exacte.

      Voilà, c’est juste mon expérience et ma réflexion limitée.
      Et toi, t’en penses quoi?

  • Merci de cet article plein de légèreté et de sérieux.

    Pour l’acceptation, t’as ça :
    https://tenor.com/view/pass%c3%a9-kamelot-camelot-karadoc-marbre-gif-16452610

    Ou ça (je l’ai pas trouvé en entier) :
    https://tenor.com/view/kaamelott-gif-5238895

    Celui-ci (mais je suis moins sûr) :
    https://tenor.com/view/kaamelott-arthur-pain-planche-boulot-gif-18227596

    Pourquoi pas celui-là :
    https://tenor.com/view/kaamelott-bohort-je-vois-gif-18215963

    Et en bous, ce qu’on peut faire (ou pas) : https://tenor.com/view/kaamelott-arthur-parler-demain-gif-18243483

    • Mais c’est bien sûr ! Merci Philippe, j’ai ai rajouté un, je laisse les autres ici 🙂
      (Je savais que je pouvais compter sur toi, Coco l’Asticot)

  • Et dans la liste des conseils à éviter, on peut ajouter :

    - Et si c’est votre plumard qui brûle, vous y retournez plus vite ou pas ?

    Merci pour ce superbe article ! Et courage ! C’est le moment de progresser (dans de la matière)…

    Vive Kaamelott ! (Et vive l’Eglise, un pays « quand même formidable où il faut galoper à côté des pavés pour pas se casser la gueule »)

  • En lisant tous les commentaires déplacés, je me dis qu’ils peuvent servir à l’endeuillé•e à se laisser traverser par la colère. Déplacés mais pas inutiles.

  • « Etre considéré en tant que tel. »
    Merciiiii pour la barre de rire que je me suis tapé Olivier, ça rappelle des bons souvenirs!
    Très drôle mais aussi très profond, ta petite recette magique à toi!

    Camille

Abonne-toi

Pour ne pas manquer les prochains articles :

Catégories

Ici on parle de…