Thomas Römer, ce missionnaire occidental zélé

T

Disclaimer:

  • Je dois l’avouer, j’ai pour Thomas Römer une profonde admiration: il est à la fois un excellent chercheur, un excellent professeur et un excellent vulgarisateur. Chercheur, tout le monde le sait: certains de ses écrits sont des incontournables partout dans le monde, il fait avancer la recherche et en conséquence occupe des positions prestigieuses. Excellent professeur, moins de monde le savent. Il s’agit probablement d’un des meilleur prof que j’ai eu: ses cours étaient clairs, intelligibles et stimulants. Le plus marquant, c’est sa passion communicative. Pour Römer, la Bible est une énorme énigme historique qu’il s’agit de résoudre, un défi passionnant — presque un jeu. Finalement, les nombreux livres grands publics et conférences de Römer témoignent de ses excellentes capacités de vulgarisation.
  • Cela dit, je suis en désaccord profond avec sa méthode d’analyse des textes bibliques — profond mais pas complet: il y a énormément de choses que je trouve très fines et valables. Il s’agit plutôt de l’orientation fondamentale, de la posture intellectuelle, comme cela va ressortir superficiellement dans le texte qui suit.
  • Je n’ai pas lu les livres dont il est question dans l’interview que je cite plus bas. Mais j’ai suivis de nombreux cours et fait de nombreuses lectures de l’œuvre de Römer.
  • Ces réflexions sont nourries par la lecture de Newbigin, Foolishness to the Greeks: the Gospel and Western Culture, qui pose précisément les questions que j’aborde ici.

Quand on lui pose la question de la place de la foi dans sa recherche, Thomas Römer répond au Bonne Nouvelle en penseur critique: il n’y a pas de place à la foi dans l’enquête — c’est un travail scientifique, donc confessionnellement neutre, sans préjugés. La science n’est ni pour ni contre la foi. La question de la foi n’est simplement pas posée. Si quelqu’un veut se poser la question de la foi, elle est libre de le faire — mais en privé, de manière personnelle, et trouver là la réponse qui lui plaît.

« Est-ce que ces textes et leur influence dans les synagogues, églises et mosquées ont quelque chose à dire qui dépasse le seul contexte historique ? Ce n’est pas à moi de donner la réponse, la foi est une question personnelle. Pour moi, la foi ne s’apprend pas, elle ne s’inculque pas et je suis opposé à toute forme de zèle missionnaire. On peut expliquer ce que cela veut dire aujourd’hui d’être chrétien, juif ou musulman, mais après, à la question de la foi, c’est à chacun de trouver sa réponse. » (Bonne Nouvelle, « Inventer Dieu, une formule choc qui dit quelque chose », 2 octobre 2014)

De fait, Römer affirme ici la marque principale de notre culture occidentale moderne: cette « fissure » épistémologique profonde qui sépare le monde objectif et public des faits et du savoir du monde subjectif et privé des valeurs et du croire. Pour le dire simplement, dans le monde public des faits, la science est notre guide. On peut discuter toute affirmation, mais uniquement à condition de faire partie de la communauté des scientifiques, et donc d’en accepter les règles. Mais on n’est pas libre de choisir: les faits sont les faits! Si personne ne remet en question académiquement les thèses de Römer dans l’Invention de Dieu ou La Bible, quelles histoires!, alors toute personne rationnelle se doit de les accepter — ou alors c’est un abruti, puisqu’il ne reconnaît pas les faits. Dans le monde privé des valeurs, au contraire, chacun est libre de se positionner — pour autant que sa position ne contredise ni le monde objectif des faits, ni la liberté privée des autres. Chacun peut choisir ce qui va déterminer le sens profond de son existence, les valeurs qu’il veut suivre. Si l’on contredit une thèse scientifique, on passe pour un irrationnel (monde des faits). Si l’on contredit une opinion privée d’un individu, on passe pour un intolérant (monde des valeurs).

En affirmant cette valeur profonde de notre culture occidentale moderne, Römer montre que sa lecture est critique, culturellement acceptable. Cette posture intellectuelle qu’une bonne partie de la tradition protestante à fièrement choisie peut être vue comme une implication directe de l’incarnation. Le Verbe se fait chair. L’Évangile arrive dans une culture, l’Église évolue dans la société. Pour être intelligibles et recevables, les théologiens doivent parler un langage culturellement compréhensible — ce que fait Römer avec brio.


Le risque de cette posture intellectuelle, cependant, c’est de réduire le potentiel subversif de la Bible. De fait, si l’Évangile doit être entendu dans un langage compréhensible, et donc toujours se greffer sur une culture (il n’existe pas d’Évangile brut, culturellement neutre), il le fait toujours de telle manière à remettre en question profondément les valeurs de cette culture. Tout en affirmant ce qu’il y a de bon et beau, il dénonce « l’idolâtrie », les choses qui prennent la place de Dieu et l’empêche d’être entendu et reconnu. Alors seulement, il y a rencontre authentique entre l’Évangile et la culture. Alors seulement il y a un double renouvellement: de l’Église et de la société.

Ce que dit succinctement l’art. 10 des principes constitutifs de l’EERV:

[L’EERV] porte un regard bienveillant et critique sur la société.

Si notre lecture de la Bible se soumet totalement au principe critique et à sa « fissure » épistémologique, elle pourra faire la première partie du travail: se faire entendre de manière intelligible, poser un regard bienveillant. Mais elle ne pourra pas se faire le porte parole de l’Évangile, elle ne pourra pas poser un regard profondément critique, elle ne pourra pas être facteur d’une rencontre authentique entre l’Évangile et la culture — du moins pas jusque dans le noyau dur de cette culture. C’est à dire que cette posture intellectuelle permet un regard superficiellement critique de la culture, mais ne permet pas de développer de réelle missiologie (la branche de la théologie qui se préoccupe précisément d’une rencontre authentique de l’évangile et de la culture). C’est d’ailleurs là une implication de la posture critique et sa « fissure » épistémologique que Römer assume explicitement — « je suis opposé à toute forme de zèle missionnaire » — et qui se voit tant dans l’absence quasi totale de cours de missiologie dans les facultés de théologie critique que dans le déclin de l’Église en Occident1.

Ce qui est intéressant, c’est que cette posture intellectuelle pourra tout de même remettre en question certains aspects de la culture — soit des aspects superficiels (qui ne touchent pas le cœur des valeurs culturelles), soit ceux qui ne sont pas cohérents avec les principes fondamentaux de ladite culture. Elle pourra lisser les vagues, et s’opposer aux éléments contradicteurs internes — par exemple les fondamentalistes qui refusent le principe critique. Cette posture contribue à l’expansion de la culture occidentale moderne. Elle l’aide à grandir, à s’étoffer, jusqu’à ce qu’elle soit capable de tout comprendre — récapituler, assimiler l’ensemble de la réalité sous sa perspective. Y compris la Bible. De subversive qu’elle pourrait être, la Bible devient apprivoisée; elle est assimilée, co-optée par la culture.

Le paradoxe est évident: la posture critique s’oppose à tout zèle missionnaire, mais devient porte parole de la culture occidentale, ambassadrice de la vision du monde et des valeurs modernes. « Il n’y a qu’une seule manière de lire la Bible de façon responsable et intellectuellement honnête. Libérez-vous de vos préjugés, regardez les faits! Sapere aude — ose penser! Détournez-vous de vos fausses lectures, façonnées à vos images! Repentez-vous de vos conceptions pre-critiques, et recevez notre démarche scientifique, son abandon des causes finales et sa dichotomie fait/valeur! Alors vous serez sages. Alors vous serez en mesure de voir le monde tel qu’il est réellement. Et alors peut-être serons-nous bénis, serons-nous capables de vivre dans la paix, libérés des intégrismes. » On voit clairement cette attitude missionnaire chez Römer: il ne se contente pas de publier des articles académiques pointus, il veut diffuser son savoir — et le statut de ce savoir, donc sa vision de la société — par des conférences grands publiques, des cours à l’étranger, des livres de vulgarisation et j’en passe. J’en ai eu l’illustration jusqu’en Afrique, quand en Afrique du Sud j’ai rencontré des chrétiens qui me disaient avoir été profondément influencés par Römer.

La pensée critique est donc animée d’un grand zèle missionnaire, d’une volonté d’imposer cette vision de la réalité à toute la société, et au monde entier. En soi ce n’est pas grave, c’est plutôt normal, lorsque l’on est convaincu de l’universalité de quelque chose de vouloir son universalisation. (C’est dommage par contre qu’elle interdise aux copains d’en faire autant.)


Les penseurs modernes défendent et promeuvent cet aspect central de notre culture, la « fissure » entre le monde des faits et le monde des valeurs. On ne peut dès lors s’empêcher de poser la question: est-ce qu’ils ont raison de le faire? Est-ce qu’il faut continuer d’appuyer cet aspect fondamental de notre culture? Est-ce que l’Évangile est effectivement uniquement une affaire privée? Est-ce que les théologiens doivent persister dans ce paradigme dans lequel ils ont travaillés depuis si longtemps qu’il est totalement internalisé? Est-ce que c’est ainsi seulement que véritablement le message de l’Évangile pourra être entendu? Peut-être. Mais peut-être pas.

Il faut se poser la question.

Il me semble que la majorité des théologiens réformés en milieux universitaires publics répondent oui à cette question: cette distinction privé-fait-savoir/public-valeur-croire est juste et bonne, il faut l’affirmer et travailler en son sein. Il y a eu peut-être une parenthèse avec Barth et ses disciples, mais cela n’a pas duré. Si l’on choisit cette réponse, alors la posture bultmanienne est probablement la meilleure pour affirmer l’Évangile en situation moderne (interpellation subjective des textes, de sujet à sujet), et l’Église se doit de contribuer clairement à l’expansion des valeurs occidentales modernes dans la société et le reste du monde — comme le font si bien Römer et d’autres penseurs de la religion qui travaillent dans un paradigme critique.

Si au contraire l’on répond non à cette question — si l’on pense que Jésus est Seigneur du monde public aussi, que l’Évangile est une affaire publique qui concerne les choix de sociétés en général — quelle posture adopter pour valoriser ce qu’il y a d’excellent dans notre culture (y compris la science, la recherche académique sur la Bible et les richesses qu’elle a permis de mettre en lumière), tout en questionnant fondamentalement l’idolâtrie de cette épistémologie et son pouvoir destructeur2? Comment sortir l’Évangile du placard de la sphère privée? Qu’est-ce que cela signifie que l’Évangile ait une portée publique? Comment la vivre, comment l’affirmer dans une société pluraliste, sans revenir à une posture pré-critique, théocratique ou autre? Quelle épistémologie, quel langage utiliser? Autrement dit, comment retrouver le sens d’une missiologie profonde en Occident?

Et ultimement, comment trancher cette question?

 

  1. Certes, en disant cela, je postule que l’Église croît lorsqu’elle prêche prêche un Évangile qui remet en question les valeurs profonde de la culture pour remettre Dieu à sa place.
  2. Je ne développe pas ici le pouvoir destructeur de cette épistémologie, mais cite deux auteurs qui ont développé cela. Selon Polayni, cette épistémologie mène à ce qu’il appelle une « inversion morale », sans laquelle les atrocités du siècle passé n’auraient pas été possibles. Cf. mon travail de mémoire, p.14–16. Feyerabend parle lui de « tyrannie de la science ».
close

Abonne-toi pour ne pas manquer les prochains articles !

Abonne-toi pour ne pas manque les prochains articles :

14 commentaires

  • Bien vu cher Olivier,
    En plus de ces excellentes remarques sur la part de réalité de Dieu dans l’histoire et la société, je suggère aussi de creuser un peu plus loin, à savoir de montrer combien cette approche scientifique transgresse de manière fondamentale une exigence de la science: l’adéquation de la méthode à son objet. En principe on met à l’épreuve un mode de recherche en évaluant sa pertinence à l’égard de son objet. Accepter d’emblée que le travail de Römer serait scientifique pour l’opposer à la foi et aux « valeurs », c’est, me semble-t-il, accepter ce que les sémanticiens de la pragmatique appellent “un coups de force présuppositionnel”. Ici on se sert de la foi pour supposer que ce que l’on fait sans la foi est scientifique.
    Mais doit-on encore faire de l’histoire sur les documents comme on le fit au 19ème siècle en Allemagne ? Est-ce bien adapté à un corpus de textes sacrés? Si toutes les tentatives d’évaluation et de datation des sources bibliques sont dans un échec patent, N’y aurait-il pas à réévaluer la nature de ces textes? Que signifient deux siècles de recherche avec aussi peu de résultats tangibles ? etc.
    Fraternellement à toi en Yeshou‘a.

  • Bonjour Olivier,

    Merci pour cette réflexion. 

    A mon sens on peut distinguer deux choses :
    ‑les faits
    ‑l’interprétation de ces faits

    Je n’ai pas eu l’occasion de lire les livres de Thomas Rômer mais j’ai écouté ses cours des 4–5 dernières années au Collège de France. Personnellement je les trouve très intéressants et j’apprends beaucoup de choses. 

    Si on peut contester les interprétations assez arbitraires, il me semble quand même que depuis deux siècles l’exégèse contemporaine a mis en lumière un certain nombre de faits indiscutables qu’il n’est plus possible d’ignorer. C’est malheureusement ce que fait encore bien souvent le monde évangélique qui est totalement déconnecté du monde académique séculier.

    A titre personnel, j’ai eu l’occasion de travailler sur l’interprétation de la Bible dans l’Antiquité pour mon mémoire de Master et il est vraiment intéressant de constater la différence qui existe avec notre vision actuelle. Cela ne veut pas dire qu’il faut bêtement imiter les méthodes d’autrefois, ce qui serait du passéisme sans grand intérêt, mais je pense que cela peut nourrir notre réflexion et nous permettre en particulier de réfléchir sur certains de nos présupposés, comme la notion de « texte original » ou celle « d’inerrance biblique », qui pour l’Antiquité n’ont pas grand sens. 

    Aujourd’hui, les découvertes (comme Qumran) et redécouvertes (la Septante) montrent sans aucune contestation possible que le texte biblique a connu une évolution interne. Les apôtres se sont d’ailleurs eux-mêmes servis de cette évolution. Je pense par exemple au passage d’Amos 9 cité par Jacques : 

    http://didascale.com/limportance-septante-exemple-utilisation-nouveau-testament/

    Cordialement,

  • Il me semble plutôt que chez Thomas, l’affirmation d’une « fissure » épistémologique profonde qui séparerait le monde objectif et public des faits et du savoir du monde subjectif et privé des valeurs et du croire relève plus de la posture que de la conviction profonde. À mon avis non sans une certaine malice.
    D’un point de vue épistémologique, il me semble qu’il ne pourrait pas mener sa recherche sur la base de ce présupposé, tant les documents archéologiques ou textuels auxquels il fait référence imbriquent étroitement faits et valeurs, ce qui est de toute façon le propre de toute recherche historique. Qu’ils faillent les distinguer autant que faire se peut, c’est une chose, mais qu’on puisse seulement exclure le champ des valeurs de la recherche en est une autre.Il s’agirait plutôt de tenter de faire droit, par une sorte d’épochè idéologique, aux « valeurs » connatives des textes et des documents avant d’y projeter nos propres valeurs.
    Une divinité est par excellence le type même de l’objet porteur de valeurs. C’est quasiment de la valeur objectivée à l’état pur. Ce qui est intéressant dans « L’invention de Dieu », c’est Thomas Römer y décrit un lent processus d’abord de concentration sur une divinité unique des valeurs jusque là portées par plusieurs divinités, puis de « dé-objectivisation », pour ne pas dire de « dé-factualisation » de cette divinité unique. Ce processus de dé-objetcivisation ne serait-il pas lui-même à l’origine de la « fissure » entre faits et valeurs ? Fuite des temples pour se réfugier dans un temple unique, fuite de ce temple unique pour se réfugier dans les écritures … et 2000 ans après : fuite des écritures pour se réfugier dans l’âme, cet ultime forteresse sur le point de vaciller.
    Dieu merci, la thèse du caractère privé (exclusivement subjectif) des croyances ne tient pas, puisqu’il apparaît à l’évidence à la lecture de « L’invention de Dieu » que l’émergence d’une divinité unique, exclusive et universelle est un lent processus ne « négociation collective » des croyances où interfèrent inextricablement des projets théologiques, religieux et politiques. Thomas Römer ne pourrait absolument rien dire de l’invention d’un dieu s’il appliquait la dichotomie faits/valeurs à l’objet même de sa recherche.
    Cela n’invalide pas pour autant la pertinence de la distinction faits/valeurs mais seulement celle de leur inconciliable dichotomie. Ce que tente de décrire Thomas Römer, c’est un processus de permanente interaction entre faits et valeurs, même s’il est plus facile de considérer des valeurs depuis longtemps passées de mode comme des faits, il n’en demeure pas moins qu’on ne peut se dispenser d’accorder un statut positif, collectif et universel aux valeurs pour mener de telles recherches.
    Le livre de Thomas Römer me semble plutôt être une invitation à nous inscrire dans ce lent processus où les faits remettent en cause nos croyances et où nous tentons toujours à nouveau d’élaborer de nouvelles croyances, non seulement pour comprendre les faits mais pour agir sur eux.

  • Merci pour ces propos et pour le débats qu’ils amorcent. Je me permets de partager quelques idées.
    1) La démarche scientifique est très importante pour toutes les raisons que l’on sait, bien évidemment. Pour être vraiment scientifique, elle doit régulièrement faire sa propre critique ainsi qu’un bilan de ses propres cheminements. Pendant mes études, j’ai entendu les mêmes professeurs enseigner qu’il y a un auteur yahwiste daté du 9ème s. avant J‑C. En quelques années – grâce aux progrès de la science – le yahwiste a rajeuni d’un demi-millénaire. Puis il n’a plus existé. Chaque étape de ce parcours a donné lieu à des enseignements convaincus, offrant peu de place à la critique. 2) Pendant mes études de lettres, j’ai vu de grands hellénistes en France, certains affiliés au parti communiste, réintroduire les dieux dans l’étude des textes. Les dieux faisaient partie du monde des auteurs, intimement, il fallait donc les prendre en compte pour comprendre mieux les œuvres, entrer dans ce qu’on a appelé « le sentiment religieux » des Grecs. Difficile donc de séparer définitivement un monde scientifique neutre et des œuvres nées de la foi, de l’expérience d’une condition tragique, d’un débordement physique, psychique, spirituel. 3) On confond, me semble-t-il, souvent la raison et l’occasion : l’événement historique qui a donné lieu à tel texte est-il le motif unique qu’il faut trouver pour rendre raison intégralement de ce texte, ou bien a‑t-il été une occasion qui fait que les écrivains, tout en dépendant bien sûr de circonstances politiques et sociales données, disent, à l’occasion de cet événement, des choses qui éclairent aussi d’autres événements, d’autres époques, d’autres sociétés ? Dans le même ordre d’idée, il y a, me semble-t-il toujours, beaucoup de notions « scientifiques » à remettre en chantier qui paraissent acquises, mais ne sont jamais interrogées. On parle ainsi à propos d’un texte (biblique) de « rupture » dans la narration, d’insertion secondaire, de glose, de parenthèse etc, toutes choses qui font l’objet, en littérature par exemple, de grands questionnements et qui, en matière biblique, quand on veut faire l’archéologie d’un passage sont utilisées avec légèreté. Il s’ensuit des développements d’une haute technicité qui reposent parfois sur une appréciation inaugurale contestable et finalement subjective (souvent issue de la subjectivité d’une époque, d’une culture). 4) Quand on participe à un colloque, le « sens » des textes bibliques étudiés se déploie souvent dans la salle du colloque, et pas toujours dans les propos scientifiques tenus. L’idolâtrie, les jeux de pouvoir, les hypocrisies que la Bible met en lumière apparaissent alors : les Jézabel, les Hérodes, les Saül se donnent à voir, selon ce regard critique, ce discernement précis que la Bible enseigne.

  • Merci Philippe pour ces excellentes remarques qui ramènent l’essentiel dans la discussion, à savoir que l’histoire n’est pas un ensemble de traces et d’idées sur lesquelles on se base pour continuer à vivre, mais qu’elle est faite d’une mémoire vivante des croyants dans leur relation à Dieu. Cette mémoire de la vie étant justement ce qui permet de fondre et reformuler, et briser les idoles et recommencer. Aucun peuple me semble-t-il, — pas même les Grecs ! je serais tenté de dire surtout pas les Grecs! — n’a jamais pu vivre avec des dieux enveloppés dans des concepts.

    • Pour ce qui est de l’histoire, je peux comprendre que lorsqu’un vient d’un monde ayant une approche légaliste du texte biblique, on soit soulagé de voir arriver de prétendus iconoclastes qui rappellent ce que la Bible elle-même a toujours mis en évidence, à savoir que le texte est plein de failles, de points de suture et de cicatrices et qu’il n’a cessé de se réécrire. C’est là le mode même de l’écriture biblique. Que le matérialisme des « sciences bibliques », inverse à celui du fondamentalisme pur et dur apporte un sentiment de souffle et de respiration, d’accord… m’enfin, comme dirait Gaston la Gaffe, ça fait quand même deux bons siècles que ces iconoclastes de salon s’essaient à des théories jamais vérifiées, toujours rejetées, sans remettre en cause leur perception de l’histoire héritée du 19ème siècle allemand. Il vaudrait mieux pour eux, s’ils étaient bien intentionnés d’une part de lire Colllingwood et ses héritiers ou même une histoire de l’historiographie (je pense ici à l’excellent IGGERS) et d’autre part d’apprendre suffisamment d’hébreu pour lire les commentateurs juifs de l’Écriture. Ce serait bien du temps de gagné!

    • A propos de la Gueniza du Caire, de Qumran, de la LXX, des papyri, etc. bref, de la critique textuelle, les découvertes qui ont fait évoluer la critique du texte n’ont rien à voir avec le travail de la Literakritik, laquelle non seulement n’a rien apporté dans ce domaine mais fut la source d’un retard considérable qu’il est aisé de constater dans la lecture de l’apparat critique de la BHK et de la BHS. La vérité est que la critique des sources est dans une impasse depuis toujours et qu’elle ne justifie jamais par une démonstration convaincante sur les textes ses hypothèses. Quant à l’évolution littéraire de la parole biblique dans l’histoire et la mémoire d’Israël, et de l’influence de cette évolution sur l’écriture et la réécriture des textes au long des siècles, la Bible nous en laisse d’elle-même tant d’évidence et les rabbins qui la commentent en sont tellement conscients qu’on se demande l’utilité d’écrire des thèses hypothétiques sur le sujet. Comme j’ai dit dans mon premier et bref message: en science — surtout quand on échoue! — on finit pas mettre à l’épreuve la pertinence de sa méthode en allant de l’objet à la méthode et de la méthode à l’objet jusqu’à ce qu’on ait élaboré une approche pertinente. 

    • Pour finir, je suis malheureusement un peu pressé pour argumenter, mais je voudrais simplement dénoncer une posture scientifique qui est justement une pure posture et qui ne saisit pas son objet: la parole biblique, l’identité et la mémoire du peuple des croyants, la façon dont il vit sa relation avec Dieu. Les observations sur les évolutions du rapport à la divinité chez Römer, mentionnées par Richard, relèvent de pures hypothèses à mes yeux sans fondements sérieux, mais ce n’est même pas là le problème. Le problème est bien plus radical. On travaille ici sur un discours qui tourne en rond sur lui-même, se donne ses propres références pour juger des textes de la Bible et les « objectiver », ce qui me paraît être une erreur fondamentale à l’égard d’un texte littéraire, d’un corpus sacré ou d’une œuvre d’art. Erreur parfaitement dénoncée par Michel Henry dans son livre pamphlet « La barbarie ». Pour quelques rares textes qui évoquent des réalités spirituelles, des “dieux”, la Bible est traversée de part en part d’une relation exclusive et extrêmement cohérente avec le Dieu de l’histoire d’Israël. Et pour quelques traces résiduelles sur la pierre au Proche Orient et dont l’interprétation reste discutée, il y a un peuple vivant avec sa mémoire et son expérience quotidienne de Dieu. Tout au long de l’histoire d’Israël et de l’Église (au sens large), Dieu collabore avec des vivants, une foule d’anonymes qui ont fait avancer l’humanité vers le Bien. Cette façon soi-disant scientifique d’objectiver la vie religieuse d’Israël aussi bien que la culture religieuse des peuples du Proche Orient Ancien est clairement une attaque contre la foi, car c’est une attaque contre la vie et contre la mémoire des vivants. Elle occulte volontairement les irruptions de Dieu dans la vie des humains, elle ignore volontairement la puissance d’un Dieu capable de faire brèche dans l’histoire y compris pour briser les conceptions idolâtriques le concernant. Bref, c’est le sens de la fin du blog d’Olivier: Dieu fait-il partie ou non de la réalité et de l’histoire, et s’il en fait partie, peut-on tenir un discours véridique en pensant comme s’il n’en faisait pas partie? Bon c’est déjà trop long, j’arrête et je retourne à la Parole de Dieu. Bien à vous en Christ Jésus.

  • Bonjour !

    Merci pour vos réflexions. Il est vrai que j’apprécie beaucoup Thomas Römer et ses travaux. On apprend plein de choses. De plus, la recherche historique et ses résultats m’intéressent. A la façon des journalistes Prieur et Mordillat autour de Jésus (Jésus contre Jésus, Jésus après Jésus etc…) ou Mouriquand ( Ancien Testament, quelles vérités historiques ?) ou encore des spécialistes divers du domaine.

    Toutefois, en fermant les livres de ces pointures, je ne peux m’empêcher de penser « ah bon, et après ? ». La plus belle fille du monde ne pouvant donner que ce qu’elle a, les historiens ne peuvent pas mieux faire que nous servir un discours se donnant sous les traits d’un savoir historique, des reconstructions basées sur les indices et les traces collectées.
    C’est instructif, au niveau du savoir (et pour Olivier, au niveau du méta discours 😉 ). Mais après ?
    Il semble que, par la fracture donc on parlait plus haut, la lecture historico-critique ne permet pas de faire de la théologie avec le texte. Elle ne peut à ce propos que rapporter les idées des auteurs et des communautés dont elle parle. Pour parler comme certains, elle arrête le dire du texte sur son dit, et fait passer tout autre dire pour des propos non-contrôlés, non-scientifiques, donc non-pertinents.
    En cela, elle ressemble aux lectures intégristes, fondamentalistes qui elles, bloquent le dire sur le dit de la première lecture.
    Dans le deux cas, on traite le texte comme un référent mort, ou comme la révélation d’un savoir ce qui est la même chose: il n’y a plus rien à redire, juste à répéter en l’accomodant aux formes d’aujourd’hui. 

    De sorte que les discours historiques ou fondamentalistes sur les textes sont des commentaires, des interprétations, mais qui ne s’assument pas. Ils donnent la vérité, pensant qu’elle suffit. Et qu’après, le Saint-Esprit fera la lumière à partir du donné qu’ils présentent.
    C’est un peu simple, et ce n’est pas comme cela que la théologie envisage le travail du Saint-Esprit: ce n’est pas l’application pratique d’un savoir théorique, ni l’illumination qui n’a rien à voir avec la lecture.
    De sorte que l’on ne voit pas bien comment le croire s’articule à l’écriture biblique.
    Le problème est redoublé du fait que les textes ne sont vus que comme le produit des milieux rédactionnels et des idéologies que ceux-ci défendent, ou des valeurs qu’ils veulent voir régir les communautés ou les entités politiques qu’ils reflètent.
    C’est, méthodologiquement, comme si on réduisait Ramuz à n’être que le fruit de la société vaudoise du tournant des 19è et 20è siècles.

    Ce que nous avons perdu, dans la fracture entre « faits » et « valeurs » dont on parlait en haut, c’est la pensée de ce qui faisait lien entre eux. Les médiations qui permettent les aller-retours. Et l’acte d’écrire en est un, et la multitude des écrits qui ont suivi et qui reprennent l’écart pour le tricoter à leur suite. Probablement que, enfants de notre histoire, nous avons gobé l’illusion moderne que la vérité se reçoit immédiatement, hors langage, tradition, écriture. Que les médiations ne sont que des obstacles. Il ne nous reste que l’illumination ou la « self-evidence » de l’objectivité. Donc l’illuminisme ou les procès staliniens.

    Je ne devrais peut-être pas le dire ici, mais quand même: les travaux de Michel de Certeau, de Ricoeur et de Gisel, ou de Lévinas, Chalier, Sibony, sont d’un secours certain en ces matières.

    Salutations amicales à tous.

  • Thomas Römer et la plupart des historiens s’en tiennent effectivement à une « fissure », même plus à une séparation du domaine de faits de celui des prises de position existentielles. C’est insatisfaisant. La question qui se pose est alors de savoir comment les articuler. Ta proposition consiste, en filigrane, à gommer toute différence : les prises de position existentielles ont un impact direct sur les faits. Il est toutefois évident que ta manière de formuler ta position sous forme de questions en fin de réflexion démontre que tu ne sais pas très bien comment on pourrait gommer cette frontière entre faits et valeurs.
    Puis-je me permettre de te proposer une lecture bultmanienne de ces relations. Il ne s’agit pas du même Bultmann que celui que tu caricatures dans ton texte. Le Rudolf Bultmann que j’ai lu propose constamment des relations dialectiques entre ce que tu appelles faits et valeurs. Qui dit « dialectique » affirme qu’il y a radicale différence ET implications réciproque des domaines en jeu. Négativement dit, cela signifie qu’il n’y a pas de continuité entre ces domaines et qu’il n’y a pas non plus de séparation. Ainsi la science ou la raison doit faire faire pleinement son travail au sein de ce que Edmund Husserl appelait les parenthèses phénoménologiques. Elle n’a pas à se prononcer sur la vérité existentielle de ses résultats. Elle dira, par exemple, que scientifiquement parlant, la seule chose constatable en regard des textes parlant de la résurrection de Jésus, c’est que des humains ont vu leur vie bouleversée après la mort de Jésus et qu’ils l’ont redit dans le langage de la résurrection relativement courant dans le monde juif du temps. L’analyse rationnelle n’a pas à dire si ces textes disent vrai ou non. Voilà pour la non-confusion. Venons-en à la double implication !
    En rester à ce que je viens de dire de la résurrection de Jésus est insuffisant. Et ici je partage ton sentiment à l’égard des analyses de Thomas Römer. Elles me laissent aussi trp souvent sur ma faim. Le travail scientifique devrait aller plus loin et répondre au questionnement existentiel en précisant ce qui change dans la vie d’un disciple qui, suite à l’échec de la croix, fait l’expérience de la « résurrection ». En d’autres termes, le travail scientifique consiste à dégager des compréhensions de soi possibles. Il doit les décrire, non en défendre la valeur (cela relève de la théologie systématique). C’est là ce que Bultmann appelait l’interprétation existentiale des textes, interprétation sur laquelle doit nécessairement déboucher une lecture scientifique des textes sous peine d’être irrelevante pour l’existence. Voilà pour ce qu’exige le domaine des valeurs ou de l’existence à l’égard de celui des faits.
    Qu’exige en sens inverse la science de l’existence ? Qu’elle renonce à vouloir, par exemple, se fonder dans le « fait » historique (historisch) de la résurrection de Jésus. Qu’elle reste aussi un foi, une conviction s’appropriant une certaine compréhension de soi et en critiquant d’autres, mais qu’elle ne cherche pas, pour se fonder elle-même, à modifier les résultats auxquels la science en toute honnêteté peut arriver. Or, j’ai très vivement l’impression que tes questions finales mèneraient, si on y répondait positivement, à une lecture « littérale » du « fait » de la résurrection de Jésus au nom de ta foi, pour toujours reprendre le même exemple. Est-ce que je me trompe ?

    • Cher Jean-Denis,

      Merci d’avoir pris le temps de commenter. Ce que tu proposes ici est bien ce que je comprends de la posture bultmanienne (même si je l’ai peut être mal résumé). L’affirmation d’une séparation radicale entre fait et valeurs est toujours insatisfaisante, même lorsqu’elle est comprise au sein d’une dialectique comme tu la présentes. (Ayant dit cela, je préfère largement une interprétation existentiale des textes que rien du tout.) Cette affirmation est insatisfaisante, ne serait-ce parce que la science ou la raison comprise ainsi n’existent pas. Les chercheurs ne sont jamais détachés, ils travaillent toujours au sein d’un système de valeurs et croyances, et aucun de ces systèmes n’est neutre, universel (même s’il y a une prétention à l’universalité). C’est pour moi une forme de malhonnêteté que de crier constamment à « l’honnêteté intellectuelle » et ne pas reconnaître cela.

      Si je formule ma position sous forme de question, c’est plus pour ouvrir à l’échange que parce que je ne sais pas comment résoudre cette question. Pour moi, en effet, l’épistémologie personnelle de Michael Polanyi (que j’avais essayé de présenter dans le groupuscule, sans avoir l’impression d’avoir été écouté ni entendu) permet de voir la science et la religion, les faits et les valeurs, sur un continuum. Il n’y a pas de différence qualitative entre les deux, même si l’un est plus proche du pôle « objectif » (qui n’est jamais atteint), et l’autre du pôle « subjectif ». Dans tous les cas il s’agit d’un engagement personnel (au sein d’une communauté) fondé sur des croyances acceptées de manière a‑critique, d’une prise de risque, d’une proposition située qui prétend à l’universalité.

      Pour répondre à ta question finale, si on entends « littérale » et « fait » dans une perspective objectiviste (qui voit une fissure radicale, qui serait objectivement objectif, détaché), alors non. Parce que ce n’est pas possible. Si par contre on l’entend dans une perspective personnelle et faillible, alors oui: pour moi la résurrection est un fait historique, au même titre que les discours de Jésus, la conversion de Paul, ou ma naissance.

      Je développe un peu ces questions dans un autre article.

  • « Si au contraire l’on répond non à cette question — si l’on pense que Jésus est Seigneur du monde public aussi, que l’Évangile est une affaire publique qui concerne les choix de sociétés en général — quelle posture adopter pour valoriser ce qu’il y a d’excellent dans notre culture (y compris la science, la recherche académique sur la Bible et les richesses qu’elle a permis de mettre en lumière), tout en questionnant fondamentalement l’idolâtrie de cette épistémologie et son pouvoir destructeur? »

    Est-ce que cette question que vous formulez ne dit-elle pas comme objectif désirable un savoir d’abord ? Un « point de vue » surplombant qui donnerait les clés et de l’Évangile et de la société ?

    De sorte que ce que nous déplorons, à savoir la fracture faits/valeurs ne peut se résoudre, puisque saisie encore une fois du point de vue d’un savoir supérieur. Mais d’un savoir quand même ! Le recours aux analyses de Polanyi (très intéressant, je suis allé voir !) vous permet un savoir des savoirs qui sont alors démasqués comme pseudo-savoirs, ou savoirs immodestes, dirons-nous.
    J’insiste: pouvons-nous sortir d’une impasse en faisant « toujours plus de la même chose », comme dirait Watzlawick dans un autre domaine ?

    Une autre remarque: vous mentionnez la dimension « publique » de Jésus (compris comme Seigneur) et de l’Évangile qui concerne « les choix de société ».
    Il faut ici expliciter ce qu’on entend par « Seigneur du monde »: quel est le statut de cet énoncé ? Une vérité « objective » (donc admissible par toute personne faisant un usage méthodique de sa raison) qui fonde une revendication des communautés chrétiennes pour augmenter leur influence sur les législations et les « choix de société » ? Un souhait de « chrétienté » ? Une tentation communautariste ?
    Une vérité eschatologique à vivre dans la foi, l’espérance et l’amour ?
    C’est une question brûlante aujourd’hui: dans un régime de pluralisme démocratique (qui est menacé par les franges intégristes des religions et les replis identitaires, cf les débats autour de Je Suis Charlie) quelle place pour l’Évangile ? D’ailleurs, lui faut-il une place reconnue ? C’était aussi la question de Ph.Gonzalez par ailleurs, même si vous avez mené le débat sur sa méthode et l’épistémologie du sociologue.

    Une dernière chose: peut-on ainsi attribuer à l’épistémologie scientifique que vous décriez les désastres passés et actuels ? N’est-ce pas aller un peu vite en besogne que de dire (je caricature ici votre discours) « la Shoah c’est le résultat de la philosophie des Lumières » ?
    Il se trouve que dans les régimes totalitaires nazi, soviétique, maoïste ou du régime de Pol Pot, « la science » a été idéologisée et utilisée au point que beaucoup de scientifiques et d’intellectuels attachés aux principes de la raison des Lumières ont fini en prison, devant le peloton d’exécution ou au bout d’une corde. Ils prônaient justement, au nom de l’universalité de la raison, l’ouverture, la tolérance et le libre-examen.
    Honnêtement, je ne pense pas qu’il est juste d’incriminer de tous les maux l’épistémologie des sciences et technologies sur lesquelles s’est construit la société occidentale de ces trois derniers siècles. Les siècles avant les Lumières n’avaient pas la même épistémologie,mais ils furent sanglants, et heureusement qu’ils n’avaient pas les mêmes moyens technologiques que nous.….

    Je pense qu’ici encore la prudence s’impose: la « science » tout comme les religions, a ses aveugles qui la fourvoient et lui font promettre plus que ce qu’elle peut raisonnablement offrir. Ne commettons pas à son égard ce que les anti-religieux font à l’égard des religions en instrumentalisant les aberrations des extrémistes pour décrier l’ensemble. 

    Bon, j’arrête ici, ce sont des questions sur la route. Merci en tous cas de permettre de les agiter !
    Bonne semaine.

  • Si Jésus-Christ est Dieu — et c’est l’évidence même — il est aussi un dictateur. Tout ce qu’il dit est vrai a priori et doit accepté les yeux fermés et sans discussion même au prix de sa propre vie — la mienne. Mais il reste un dictateur plein d’amour, puisqu’il est mort pour notre salut. Connaissez-vous un dictateur qui se laisse crucifier pour ses fidèles ou ses sujets ?

  • C’est vous qui le dites. Vous partez d’une définition du dictateur pour ensuite ajouter l’amour. C’est le contraire qu’il faut faire: partir de l’amour, et ensuite modifier la définition de la dictature. Ou mieux: en changer. Sinon, on a beau dire, mais la relation avec Dieu n’est juste que la projection de nos propres conceptions humaines du pouvoir et de la hiérarchie, couvertes sous le manteau (de Noé) du « respect pour la Parole de Dieu ». Juste une manipulation de plus. Des loups déguisés en agneaux…
    D’où: je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis. Rien à voir avec une relation où il faut tout gober ce que dit le supérieur. On n’est pas à l’armée ici, même s’il nous arrive de chanter (rarement, et heureusement !)« saintes cohortes.… ».

  • Quelle perte de temps que de le passer à décortiquer/analyser/critiquer tout ces textes arbitrairement déclarés « sacrés » quand, en face de soi, on a soit des croyants qui acceptent toutes les inepties des dits textes « sacrés » ou des athées/agnostiques qui, après un minimum de recherches, concluent très justement que tous ces écrits, qu’ils soient hébraïques, chrétiens ou musulmans, ne sont que des copiés-collés de religions plus anciennes, de la vierge Marie qui n’est qu’une pâle copie des déesses vierges et mères de l’antiquité, au « pairidaēza » qui n’est autre que l’enceinte royale des rois iraniens avestiques: « l’homme a d’une part pointé du doigt tous les défauts et inconvénients du monde terrestre et d’autre part rassemblé ces inconvénients pour mieux les rejeter en créant dans son imaginaire un monde dénué de tout cela… »

  • Römer ne connait le Moyen-Orient que de très loin. Sa manière de sexualiser le mot « amour » dans la Bible, trahit une ignorance fragrante du phénomène orientale qu’il essaye de vendre au public d’un Occident post-chrétien, forcément plus réceptif au missionnaire de la sainte pensée unique.

Abonne-toi

Pour ne pas manquer les prochains articles :

Catégories

Ici on parle de…