On vit des temps passionnants.
Pour les missiologues, notamment.
(Pas envie de lire? → sautez à la vidéo en bas)
Deux courants…
Le siècle passé a vu s’organiser les grands élans missionnaires des siècles précédent. En particulier, la conférence mondiale des missions d’Edimbourg en 1910 est reconnu comme le point de départ symbolique du Conseil Œcuménique des Église (dont le siège est à Genève). Puis cet élan missionnaire a été marqué par une vision radicalement séculière de la mission:
- Le but de la mission n’est pas la croissance de l’Église, mais la justice de Dieu.
- Son agenda est définit non par l’Église (les lieux où elle est absente par exemple), mais par le monde (les lieux où la dignité humaine est menacée).
- La relation aux autres religions est marquée l’ouverture, et toute remise en question ou proclamation est condamnée de « prosélytisme ».
Différentes réactions à cette mission séculière ont vu le jour, au sein du COE et en dehors. En particulier, le mouvement évangélique s’est organisé suite au Congrès International pour l’Évangélisation du Monde en 1974 à Lausanne, un peu en réaction à ce type de mission. Le Mouvement de Lausanne (uni autour de la Déclaration de Lausanne) mettait très nettement l’accent sur une dimension spirituelle et personnelle de l’évangile (bien que la dimension de responsabilité sociale ne soit pas absente):
- « Salut des âmes »
- Réconciliation personnelle avec le Christ mort pour nos péchés
- Appel à la conversion, à une suivance radicale du Christ dans sa vie
On observe alors deux attitudes par rapport à la mission1 :
- Dans les Églises historiques, la mission est souvent tournée vers le social ou les relations inter-églises, portée à un niveau suppra-communautaire par des organismes spécifiquement formés pour. La mission a tendance à être déconnectée de la base, de la vie liturgique.
- Dans les communautés de tendance évangéliques, la mission vise la conversion et l’insertion dans la communauté, et est portée au niveau communautaire. Coupé du désir de justice pour la société dans son ensemble, elle risque de devenir égo-centrée et créer des communautés suffisantes.
… qui se rejoignent
Pendant un temps, le monde séparait Lausanne et Genève (COE). Et maintenant, les choses se rééquilibrent de manière réjouissante !
- D’un côté, les Églises historiques reprennent conscience de la nécessité de l’évangélisation, de la proclamation de l’évangile et de l’appel à la conversion — tout en gardant leurs pôles de compétences dans les autres domaines. Par exemple, l’EERV est en processus pour réintroduire l’évangélisation dans sa mission, et le fait avec beaucoup de sérieux.
- De l’autre côté, le mouvement de Lausanne est passionnément engagé dans la lutte pour la dignité humaine à tous les niveaux — tout en gardant sa vitalité locale et sa dimension d’interpellation personnelle. C’était particulièrement évident dans les thèmes abordés et témoignages apportés à Cape Town 2010, le troisième congrès mondial du Mouvement de Lausanne.
Je crois qu’on peut le dire, Genève et Lausanne n’ont jamais été aussi proche. Le défi qui se posera est le suivant : saurons-nous passer au dessus de nos préjugés (sur les « évangéliques » et leur prosélytisme naïf et dérespectueux, sur les « libéraux » et leur compromission avec le monde et besoin d’être sauvé eux-même)? Est-ce qu’on arrivera à se rencontrer et entrer ensemble dans la mission, en se corrigeant mutuellement, en apprenant de nos compétences respectives ?
Un bel exemple
Quand des évangéliques s’engagent pour une mission transformative, mûe par un amour sincère (et pas comme stratégie pour prêcher l’évangile), il y a une vitalité que je trouve vraiment belle.
On pourrait mentionner des centaines d’exemples, de l’engagement parmi les dalits en Inde aux enfants sans (re)pères d’Afrique en passant par les immigrés en Europe, mais c’est vers les SDFs d’Amérique que j’aimerai me tourner maintenant: Shane Claiborne, fondateur de la communauté Simple Way à Philadelphie, et une des figures centrale du mouvement de « Nouveau Monachisme », et l’auteur de The Irresistible Revolution: Living As an Ordinary Radical. Ici un beau message qui dans le contenu montre bien l’esprit de son approche (la forme, bien sûr, ne reflète pas son ministère: il est invité à une grande conférence — passons au-dessus).
Qu’est-ce que vous en pensez? Est-ce imaginable qu’un jour des réformés et évangéliques œuvrent ensemble?
- Lesslie Newbigin, The Open Secret: An Introduction to the Theology of Mission, Eerdmans, 1995, p.10–11. ↩
Table des matières
Réponse simple, bête et méchante : dépend quels évangéliques, dépend quels réformés.
[…] dans l’approche du témoignage au sein du christianisme évangélique (par exemple dans le « nouveau monachisme » qui cherche à suivre et manifester l’amour de Jésus de manière concrète et radicale) peut […]
Je suis mauvaise pour faire des théories, agissons:
jeune évangélique recherche réformé(e) pour partager sur sa manière de vivre la mission. Et surtout pour discuter de comment l’on pourrait s’aider mutuellement dans les oeuvres qu’on a actuellement à coeur.
Toi qui me lis, c’est quand tu veux, où tu veux.
(ça fait un peu message coquin, mais bon, de cela faites fi mes amis et soyez béni!)
[…] participer au 3e Congrès International du Mouvement de Lausanne. Puisque j’ai la conviction que Lausanne n’est pas très loin de Genève, je me réjouis de pouvoir ajouter à mon bagage cette nouvelle expérience, avec son lots de […]
Est-ce imaginable qu’un jour des réformés et évangéliques œuvrent ensemble?
C’est bien mon rêve… que j’essaie de vivre au quotidien.
après avoir lu Carlos Orthiz,« disciples » chaque fois que je suis arrivé dans une nouvelle ville, j’ai fait de mon mieux pour établir le contact avec les églises évangéliques ou les cathos et ça marche ! oui ça marche! Ainsi j’ai eu la joie de rencontrer l’évêque qui a participé au « conversations évangéliques-catholiques » Philippe Gueneley en haute marne et un pasteur méthodiste donc évangélique Pierre Geiser en Loire Atlantique et cela grâce au fait que j’ai recherché leur rencontre. à notre amie qui cherche des contacts, je l’encourage à aller à la rencontre de ses voisins d’Eglise diverses.
les « conversations év. catho. » sont présentées dans un « document épiscopat » N°8/2006 à commander au secrétariat de la conférence des évêque de France.
Merci au Théologien qui anime ce blog, j’ai ouvert ce blog par des liens concernant des nouvelles du COE je pense que je reviendrai… continuer de nous former, surtout de nous former!, nous avons besoin de réflexions ouvertes entre ces 2 mouvements Lausanne et Genève, encore merci. A.J.