Réponse ouverte à un photographe

R

Cher Cyril,

Je me permet de répondre à tes commentaires sur l’article de Ploum que j’ai partagé hier soir sur un réseau social.

Merci d’avoir partagé tes réflexions et ton expérience de photographe. C’est extrêmement précieux !

Je me permet d’y répondre en m’adressant à toi, parce que c’est toi qui m’a fait réfléchir par tes remarques. Ce n’est pas pour t’épingler ! Je suis conscient que je réponds avec un texte plus réfléchi à des commentaires écrits en vitesse, et ce n’est pas tout à fait équitable. Mais je prend le risque (et si tu souhaites répondre de manière plus détaillée, ce dont je serais fort heureux, tu peux volontiers le faire ici). Je le fait dans un esprit de réflexion collective: nous avons besoin les uns des autres pour penser ces questions épineuses.

Deux remarques préliminaires:

  • Nous devons être conscients que nous sommes profondément influencés par une rhétorique sur le fait que « copier c’est voler », le « droit d’auteur », la « propriété intellectuelle », etc. Et que c’est assez profondément ancré en nous. Discuter de ces choses nous demande donc une certaine honnêteté, oser se poser des questions difficiles, pour oser envisager de remettre en question certains comportements qui nous rassurent. Mais je suis persuadé que nous avons tous à y gagner!
  • Tout au long de ma réponse, je met « propriété intellectuelle » entre guillemets, parce que c’est (à mon sens et à d’autres) une abérration idéologique, qui biaise le débat en faisant croire que je peut posséder quelque chose d’immatériel que je peux « prêter » à d’autres comme je prête un objet qui m’appartient. Et donc qu’au moment où je le prête à un autre (c’est à dire au moment ou je partage mon idée, ou ma chanson, ou ma photo, et que cela devient une idée dans la tête de l’autre), j’ai le droit de contrôler l’usage que l’autre va faire de cette idée — de la même manière que si je prête ma voiture j’ai le droit de demander de mettre des limites…

Tu as écrit…

« L’exemple donné ici est intéressant mais est-il pertinent? Si on va plus loin dans ce raisonnement n’importe qui peut utiliser n’importe quelle image, vidéo, script, etc. sans en demander l’autorisation a son auteur? »

Oui, c’est bien ce qui est visé, très précisément.

Et c’est déjà ce qui se vit — et très bien — avec de nombreux logiciels, articles scientifiques, images, sons et vidéos, etc. Pour ce qui est de l’informatique, par exemple, je n’utilise quasi exclusivement depuis 10 ans que des logiciels dits libres, qui permettent non seulement la libre utilisation, mais aussi l’examen (du code source), la copie, la modification et la diffusion (gratuite ou payante). Et ça marche du tonnerre!

« Personnellement je ne voudrais pas que mes photographies illustrent une publicité pour une marque de cigarette, pour un désherbant d’une marque que je ne citerais pas ou tout autre organisation qui ne partage pas mes valeurs… Et ce n’est pas qu’une question financière (parce que oui j’ai aussi besoin d’argent pour vivre et les métiers artistiques ne sont pas que des passe temps) mais c’est aussi une question d’éthique personnelle. »

Tu soulèves deux points délicats:

  1. Une question financière (même si c’est pas le centre de ton propos, elle est importante): les artistes doivent être payés!
  2. Une question éthique: est-ce que je veux être complice d’entreprises que je ne respecte pas?

Comme il s’agit de questions épineuses, je les discute ci-dessous.

« Je vais donner une exemple qui m’est arrivé plus d’une fois… Je suis donc photographe et une de mes spécialité c’est le reportage de mariage. Plusieurs fois je me suis fait voler (je n’ai pas peur de dire « voler ») des images par des soit disant photographes qui, avec mes images sur leur site, tentaient d’attirer des couples de futurs mariés pour leur vendre une prestation. Le couple est donc trompé puisque les photographies présentées n’ont pas été réalisées par le photographe qui propose ces services! »

Je suis sincèrement désolé que ce soit arrivé, qu’il y ait ce genre de gigolos dans la communauté des photographes de mariage…

Cependant, je vois les choses un peu autrement, mais contrairement à toi j’ai un peu peur de le dire (d’une part parce que c’est totalement contraire à l’idéologie actuelle du « copier c’est voler », et d’autre part parce que je ne veux pas te blesser en contredisant ton ressentit). Mais je me lance: non, d’après-moi, tu n’a pas été volé. En fait, d’une certaine manière, tu as même été honoré: de toutes les photos qu’il aurait pu pomper, il a choisit les tiennes: c’est dire que tu es un bon photographe!

Cela dit, tu te sens probablement utilisé dans une fraude, et une fraude qui plus est qui joue en ta défaveur. On retombe sur la question éthique mentionnée plus haut et que je discute plus bas: est-ce que je veux être complice d’entreprises (ici de fraude) que je ne respecte pas?

Car effectivement, ces soit-disant photographes sont des fraudes dans la communauté des photographes de mariages. Mais est-ce que leur crime est le non-respect du copyright que tu met sur tes photos? Je ne pense pas. S’ils avaient copiés des photos légalement, par exemple en prenant des photos dans le domaine publique, ou en achetant les droits à d’autres photographes, ce serait parfaitement légal (vis à vis de la « propriété intellectuelle »). Pourtant la fraude serait la même: les couples sont trompés sur la prestation. On peut donc respecter la « propriété intellectuelle » et commettre la même faute. Ergo la solution à ce problème n’est pas la « propriété intellectuelle », elle ne protège pas de ça, mais autre chose.

Et ce autre chose, je ne sais pas très bien ce que c’est. Peut-être qu’il existe une loi contre la publicité mensongère? Et si tu es en mesures de prouver que la photo n’est pas de lui et mais bien de toi (et tu l’es: j’imagine que tu as toujours les RAW, les contacts des mariés, etc.), tu dois pouvoir jouer sur ce plan là pour empêcher ces petits joueurs de faire une concurrence déloyale et de tromper des futurs mariés.

« Un autre exemple tragique, l’année passé un grand festival de musique a illustré une publicité pour leur garderie avec la photo de l’avis de recherche d’un enfant décédé il y a 25ans… Ils sont trouvé la photo sur Google et n’ont rien demandé à personne. »

Là comme avant, l’argument semble plus fort que ce qu’il est réellement, parce qu’il est chargé émotionnellement.

Si les graphistes avaient demandés l’autorisation au détenant du droit de la photo, est-ce que ça aurait été plus moral? (Le détenant du droit de cette photo n’étant pas forcément la famille, je n’en sait rien). Si c’était moi qui avait pris une photo de de cet enfant, j’aurais donc le droit de l’utiliser (à nouveau, du point de vue du copyright; je ne sais pas quelle est la loi pour l’utilisation de photos qui font apparaître des gens sans leur accords). Est-ce qu’en respectant le copyright je respecte la famille?

À nouveau, la « propriété intellectuelle » ne protège pas de telles situations.

La question financière

Tu as absolument raison de rappeler que les métiers artistiques ne sont pas des passes-temps, et que tu as besoin d’argent pour vivre!

Une question fondamentale pour les artistes, c’est celle du financement. J’ai promis par le passé un article plus détaillé sur la question, et il viendra, mais je donne quelques pistes de réponses.

1. Tu te fais déjà de l’argent indépendamment du copyright.

Comme tu l’a mentionné, tu offres une prestations lors de tes reportages. Et dans cette prestation, tu cèdes au moins une partie de tes droits d’auteurs (de manière implicite ou explicite?). Par exemple, j’imagine que tu autorises les mariés à modifier les photos que tu as prises, les envoyer à qui ils le souhaitent, etc.

C’est donc que tu as déjà un business model qui ne dépend pas (ou pas exclusivement), du droit d’auteur.

2. On peut faire de l’argent sans défendre sa « propriété intellectuelle »

Il y a de nombreux exemples: la mode, le logiciel libre, le skateboard, etc. Autant de domaines créatifs qui peuvent être extrêmement lucratifs, sans s’appuyer nécessairement sur la « propriété intellectuelle ».

C’est donc qu’il existe des business model qui ne dépendent pas (ou pas exclusivement), de la « propriété intellectuelle ». C’est possible.

3. Il faut apprendre à utiliser de modèles de financement alternatifs

Bien avant que l’idéologie de la « propriété intellectuelle » soit inventée, les artistes existaient et vivaient. Un des modèles utilisé était celui du mécénat: puisqu’on reconnaît à un artiste son talent, on le soutient pour qu’il puisse créer.

De nombreux autres modèles existent, certains ayant été inventés ou propulsés grâces aux nouvelles possibilités offertes par internet. Je ferais un article sur le sujet, mais j’en mentionne juste deux:

  • Dons, y compris micro-dons (par exemple Flattr, je décide de donner CHF 50.- par moi, et chaque fois que je fois un article / photo qui me plaît, je le « flattr ». À la fin du moins, les CHF 50.- sont partagés entre tous, et chaque auteur reçoit peut-être 50cts. Mais si des milliers de personnes font ça, ça peut faire des dons significatifs)
  • Crowdfunding (tu as un projets qui rassemble, par exemple un livre photo; tu as faits tes preuves en tant que photographes; tu demandes à des gens de te payer à l’avance pour un travail que tu vas faire)

La « propriété intellectuelle » nous pousse à l’égoïsme (payer pour avoir le droit d’écouter une musique), plutôt qu’à la responsabilité collective (payer pour soutenir les artistes, parce que sans eux notre société perd une partie de son humanité). Il est évident que si l’on parvenait à abandonner la « propriété intellectuelle », cela ne pourrait se faire qu’en changeant de mentalité par rapport au soutient des créateurs.

La question éthique

Est-ce que je veux être complices d’entreprise (au sens d’organisation comme de démarche) qui sont contres mes valeurs? Certainement pas.

Mais est-ce que je le suis si quelqu’un utilise une de mes création (pour toi une photo, pour moi ce pourrait être un extrait de texte ou de prédication ou je ne sais quoi) dans un but qui est contraire à mes valeurs? Mhhh, probablement pas.

J’élabore.

1. Tu n’est pas responsable de l’usage que les gens font de tes photos.

Pas plus que l’inventeur du couteau ou les usines de couteaux ne sont responsables des gens poignardés. Tu imagines si chaque fois que tu utilises quelque chose, tu n’a le droit de l’utiliser qu’en fonction des valeurs de ceux qui l’ont crée? Or c’est justement le propre de la créativité humaine: tout se recycle. Tu as une idée, tu la partages, je la prend, je l’adapte à une situation nouvelle, je la repartage sous sa forme modifiée… (C’est d’ailleurs probablement comme ça que tu as appris à faire de la photo de mariage: en regardant d’autres photos, en imitant et en adaptant). Et c’est comme ça qu’on avance — vers le meilleur et vers le pire. Mais tu n’es pas responsable de ce que fait celui qui vient après toi, uniquement de ce que toi tu fais.

Créer, c’est perdre le contrôle.

Il y a des cas extrêmes ou l’on pourrait croire que l’on est responsable de l’usage que les gens font après nous (armes de destructions massives, par exemple), mais ici la question éthique est peut-être à se poser au moment de la recherche (est-ce que ça vaut la peine d’investir de l’argent là-dedans) ou au moment de la publication (est-ce que je fais connaître ça au monde, ou je le détruis à jamais). En tout cas, la différence entre ça et une photo, c’est qu’en créant une nouvelle arme tu crées une nouvelle possibilité (de nuire, en l’occurrence). En publiant une photo, tu ne donnes pas vraiment à l’entreprise de possibilités qu’elle n’avait pas.

Et pour aller plus loin dans ce sens, si tu crées quelque chose qui donne une nouvelle possibilité de faire du bien (imaginons: un vaccin contre la malaria), est-ce qu’on a pas un devoir de le partager le plus largement possible? Est-ce que ce n’est pas un crime que de le commercialiser? Ca revient à dire qu’on privilégie l’intérêt économique sur l’humain: « pas d’argent, tu souffres, dommage. »).

2. Bon combat, mauvaise arme

Si tu veux militer pour tes valeurs (et tu as raison de le faire), alors ne devrais-tu pas plutôt prendre des photos qui sensibilisent à l’impact nocif de telle entreprise de pesticides (et puis les diffuser au maximum), pour qu’ensuite on vote une loi qui interdise par exemple la publicité pour des produits trop nocifs à l’environnement? Ici, quelque chose serait accompli.

En empêchant une grande entreprise d’utiliser tes photos, qu’est-ce que ça lui change? Elle paie déjà probablement des photographes (et si tu as eu un concept de génie, rien n’empêche le photographe de la reprendre, il n’y a pas de lois là contre). Dans les faits, ça donne peut-être une bonne conscience, mais la planète n’est pas en meilleure santé.

3. Si tu veux soulever la question éthique, il faut aller au bout du raisonnement

En soutenant la « propriété intellectuelle », tu soutient aussi de facto toutes les horreurs qui sont commises en son nom:

  • Les milliards dépensés en guerres de brevets, qui ne donnent aucune chance aux petites entreprises de percer
  • La connaissance qui devient un privilège de riches (ceux qui ont les moyens de l’  »acheter » [purée quelle hérésie, ça me fait mal au doigt rien que de taper ça])
  • La créativité (qu’elle soit artistique, scientifique, ou autre) diminuée parce que l’information circule difficilement.
  • La technologie sclérosée par des puissants acteurs qui ont construits leur règne avant l’avènement du Net, et qui font tout pour le verrouiller par des techniques stupides qui pourrissent l’écosystème numérique (qui ne fonctionnent jamais), empêchent les échanges (formats de documents fermés), limitent le partage et donc la créativité, etc.
  • Et le plus important à mes yeux, le néo-colonialisme (aka l’asservissement économique des pays en développement par les pays plus développés) via la « propriété intellectuelle ». J’ai écris une dissertation là dessus. La conclusion en gros: tant que l’on durcit la « propriété intellectuelle », on ne pourra pas luter efficacement contre la pauvreté.

En mettant toutes ces choses dans la balance, de quel côté penche la responsabilité éthique?

Conclusions

Ce que j’explore depuis quelques années (et que je commence à défendre un peu plus activement depuis quelque temps), c’est une révolution de notre rapport à l’information sous toutes ses formes. Et nul doute que si ça devait arriver, certains y perdraient, et d’autres y gagneraient. Je suis convaincu que beaucoup plus gagneraient que ceux qui perdraient, et que cela conduirait à un monde plus juste.

Il est vrai que dans une telle révolution, les professions plus fragiles (comme les artistes) peuvent risquer plus gros: il y aurait une période de transition qui pourrait être difficile, mais je suis convaincu qu’au final, la grande masse des artistes peu ou moyennement connus (y compris les photographes) vivraient beaucoup mieux que ce n’est le cas actuellement. Les seuls artistes qui y perdraient seraient les superstars.

Comme j’ai essayé de l’argumenté, tous les problèmes que tu cites sont de vrais problèmes, mais la solution n’est pas dans un durcissement de la « propriété intellectuelle », qui ne fait que rajouter d’autres problèmes et des injustices mondiales intolérables.

Merci pour tes réflexions, le débat n’est pas clos.

J’espère qu’il continuera.


 

Pour aller plus loin:

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12 commentaires

  • peut être une précision avant de te répondre :

    « S’ils avaient copiés des photos légalement, par exemple en prenant des photos dans le domaine publique, ou en achetant les droits à d’autres photographes, ce serait parfaitement légal (…) »

    Non justement pas, il n’est pas légal, en photographie, de présenter un travail qui n’est pas le sien pour vendre un prestation. C’est une forme de publicité mensongère.

    • D’où la parenthèse qui suit: « (vis à vis de la « propriété intellectuelle ») », et le paragraphe suivant. 🙂

      J’étais peut-être pas clair, mais je voulais dire qu’on a le droit d’utiliser sur son site une photo d’un autre photographe avec son accord. Et donc le problème n’est pas le copyright qui est violé, mais la tromperie qui est commise (faire croire que c’est moi qui ai prise la photo).

      Ça touche la question que je n’ai pas abordé ici de la mention de la paternité (citer ses sources). Et par exemple dans le logiciel libre, c’est extrêmement important: on peut faire ce qu’on veut avec du code libéré, mais on doit citer d’où il vient et ne pas prétendre que c’est le sien. (Enfin, ça dépend des licences, mais en gros…) Pour les photos, la licence CC-BY autorise la reprise, mais oblige à citer l’auteur, et donc ne permet pas ce genre d’arnaque.

      Me réjouit de ta réponse 🙂

  • Hello et merci pour la mention, ainsi que pour cette très intéressante réflexion.

    Par contre, je dirais que, plutôt que créer, c’est publier – rendre public – qui implique de perdre le contrôle.

    • Merci pour la précision utile !

      (On pourrait cependant se poser la question si, philosophiquement parlant, la « création » n’a pas lieu au contact de l’œuvre et du lecteur. Même si je ne publie pas, que je décide de garder ma création pour moi, il y a le moi-créateur et le moi-lecteur. Et le moi-lecteur, selon ses circonstances de vie, peut recevoir l’œuvre différemment de ce que le moi-créateur avait en tête au moment de la création. Mais bon 🙂 )

      • Oui, bien sûr, mais si on n’est le seul public de ses œuvres, peut-on réellement parler de perte de contrôle? Rien ne nous empêche de revenir dessus et de la modifier sans que personne d’autre n’ait quoi que ce soit à dire.

  • Je suis profondément convaincu que les images que je crée m’appartiennent (qu’elles soit numérique ou argentique) au même titre que les toiles d’un peintre… 

    Lorsque je prend une photographie je donne une grande part de moi-même à cette image. Une photographie est toujours une interprétation personnelle de la réalité. Photographier c’est beaucoup plus qu’appuyer sur un bouton, c’est cadrer, composer, choisir une vitesse, un diapo, une sensibilité, une focale, attendre l’instant, choisir un lieu, cadrer ou ne pas cadrer un élément de la scène, etc… A partir du moment ou il y a un choix de la part du photographe c’est une interprétation personnelle. Au même tire qu’un auteur littéraire, je m’exhibe, je me met à nu sur mes images. c’est donc une partie de moi que je montre.

    Je pense sincèrement avoir le droit de choisir à quoi et à qui vont servir mes images, au même titre qu’un mannequin peu refuser de poser pour une certaine marque, je pense avoir le droit de choisir qui ou quoi, que cette part de moi-même, va représenter. 

    Si on va un petit peu plus loin, une personne représentée sur une photographie n’aura peut-être pas envie non plus de ce retrouver sur une publicité pour quelque chose qui va à l’encontre de ces principes.

    « (…) j’imagine que tu autorises les mariés à modifier les photos que tu as prises (…) »
    Non je ne l’autorise pas. Pour une raison simple, si quelqu’un modifie la photographie que j’ai faite (re-cadrage, nivaux, saturation, etc…) il va modifier ma vision, mais au yeux des gens l’auteur ce sera toujours moi. Par contre si cette modification est mal réalisée certain pourraient pensé que je suis un mauvais photographe (certain le pense peut être déjà ^^) et cela ne peu que me dé-servir… Par contre les marier sont libre d’utiliser les photographies comme ils l’entendent dans un cadre non lucratif.

    Je suis totalement ouvert et offre régulièrement le droit d’utiliser mes images gratuitement pour illustrer un blog, ou autre. Mais je veux en décider moi-même.

    • Etant moi-même photographe à mes heures, je comprends en tout cas en partie la relation que tu as avec les images que tu crées.
      En te lisant je me suis posé les questions suivantes: pourquoi publier sur le Web des images que tu ne veux pas voir reprises ailleurs ? N’est-ce pas dans un sens de l’exhibitionnisme ? Les publier n’est-ce pas aussi accepter ce risque ?

  • Au delà de l’aspect éthique on peut parler de l’aspect financier. c’est tuer les professions artistiques!

    Pourquoi une agence de voyage, une maison d’édition, un office du tourisme, un journal, etc… payerait un photographe alors qu’elle n’a qu’à se servir d’images totalement libres de droit? si c’est un organisme à but non lucratif, une association humanitaire ou autre ça se discute.

    Depuis quelques années déjà les offices du tourisme organisent des concours photo ouvert à tous. Les photos envoyées doivent être libre de droits, ne sont pas rémunérée et peuvent être utilisée par l’office comme bon leur semble… C’est une grave atteinte à notre métier et au droit à l’image en général. Plusieurs associations luttent contre ce genre de concours, l’UPP entre autre (Union de Photographe Professionnel).

    les professions artistiques sont des métiers à part entière avec des années d’études, du matériel qui coûte cher, un savoir faire, au même titre que n’importe quelle autre profession. Et le temps que l’artiste a passé à créer son « oeuvre » à un coup (oeuvre dans le sens large du terme).

    Contrairement à l’industrie de la musique, je ne demande à personne de payer pour avoir le droit de regarder mes photographies. Mais les regarder (en comparaison à écouter) et utiliser une photographie (dans un but lucratif) est bien différent!

  • Les alternatives financières dont tu parles sont presque utopique, c’est tout le fonctionnement économique de notre société qu’il faudrait revoir pour que cela fonctionne à grande échelle… (ça serait probablement une bonne chose…).

  • Le cliché du photographe britannique David Slater vient complexifier cette réflexion en introduisant le problème de l’exploitation libre du selfi du singe qui avait réussi à lui chaparder son appareil lors d’un reportage en Indonésie, et qui a eu un succès planétaire.
    Wikipedia refuse de se soumettre à l’injonction de retirer cette photo de singe… car c’est un selfie ! Qui vaut le détour http://www.huffingtonpost.fr/2014/08/06/photo-singe-wikipedia-selfie_n_5655425.html?utm_hp_ref=france)! Mais l’artiste (le photographe, bien sur)estime son manque à gagner à 12600 euros, dans le Telegraph…
    Nous sommes au coeur du problème : la malice du singe, n’est-elle pas évidente ? La fourberie de Wikipedia et wikimedia, digitalement avérée ? l’innocence du photographe, artistiquement, démontrée ?
    La rumeur selon laquelle le singe aurait également piraté le compte whatsapp du photographe David Slater et posté d’agressifs symboles à l’attention des responsables de Wikimedia, serait, quant à elle, infondée. Le photographe ne sera pas inquiété.
    Mais, jusques à quand…

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